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Les réactions au soutien de Salif Keita à la junte au Mali

14 novembre 2024

Selon Salif Keita, le Mali ferait actuellement l'expérience d'une autre forme de démocratie et la junte redonnerait de l'espoir aux Maliens.

Mali Sänger Salif Keita
Image : Ercin Erturk/AA/picture alliance

"Le Mali est dans notre démocratie africaine qui marchait très bien" ou encore "on a besoin des militaires" : ce sont là quelques-uns des propos tenus par Salif Keita lors de son entretien avec la DW.

Alors que les Nations unies ont dénoncé les crimes commis par l'armée malienne, ainsi que les violations répétées des droits humains au Mali, pour l'artiste, ces accusations et allégations sont fausses. 

Un rétrécissement de l'espace civique et politique pourtant réel

Interrogé sur les propos de Salif Keita, Aguibou Bouare, le président de la Commission nationale des Droits de l'Homme au Mali, estime que chaque citoyen est libre de donner son point de vue sur la situation dans le pays. Mais il rappelle qu'en ce qui concerne les droits humains au Mali "la situation est préoccupante". D'abord d'une part en lien avec la lutte contre le terrorisme, il explique que "des allégations d'atteintes à la vie, à la sécurité, à l'intégrité physique, tant de la part des terroristes que des forces de défense et des partenaires russes", sont enrégistrés.

" La situation est préoccupante "

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D'autre part, le rétrécissement de l'espace civique et politique est selon lui évident. "Nous l'avons relevé plusieurs fois. Dernièrement, d'ailleurs, nous avons relevé des cas de disparition forcée" assure-t-il à la DW.

Aguibou Bouare évoque également la situation des déplacés en raison de l'insécurité, des écoles fermées… En ce qui concerne les violations des droits de l'Homme, il assure que des efforts sont faits, notamment en termes de formation des forces de défenses et de sécurité. 

Pour l'ancien ministre malien de la Justice, Mamadou Ismaïla Konate, Salif Keita, en faisant l'éloge des militaires au pouvoir à Bamako, est tout simplement déconnecté de la réalité.

Mamadou Ismaïla Konate évoque les exactions, le temps de la détention préventive dans les prisons, les personnes qui selon lui ne peuvent s'exprimer contre le régime et qui "sont pourchassées".

"On peut être un partisan du régime en place, on peut nier les violations des droits de l'Homme, jusqu'au jour où on est soi-même happé par ces violations des droits de l'Homme, directement ou indirectement", prévient-il.

"L'origine de ce pouvoir est illégale et illégitime"

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La dernière arrestation en date 

 L'opposant malien Issa Kaou Djim, figure politique malienne connue pour avoir soutenu le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, avant de prendre ses distances, a été incarcéré mercredi (13.11) à Bamako, sous la pression des autorités du Burkina Faso.

Ces dernières l'accusent d'avoir tenu "des propos jugés gravissime" lors d'une émission télévisée contre les militaires au pouvoir. 

Une arrestation que Paul Amegapko, expert en gouvernance et président de l'Institut Tamberma pour la gouvernance, situe dans un contexte bien précis.

"On ne peut pas parler d'une démocratie à l'africaine"

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Selon lui il s'agit "d'une manifestation flagrante de la volonté des autorités, dans le cadre de leur collaboration au niveau de l'AES, de persécuter les voix divergentes", des voix qui, à en croire l'expert "demandent des comptes à ces autorités par rapport à la manière dont les transitions sont conduites et dont les différents pays sont gérés."

Pour l'expert en gouvernance, l'Alliance des Etats du Sahel semble de plus en plus devenir un espace pour faire reculer la démocratie. Tout le contraire donc de ce que pense Salif Keita qui estime que " l'AES défend les intérêts des pays "qui la composent et assure que le Mali est dans une autre forme de démocratie, une 'démocratie africaine'".