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Au Mali, l'esclavage est toujours d'actualité

Mahamadou Kane
2 décembre 2021

A l'occasion de la Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage, reportage au Mali où la pratique de l'esclavage par ascendance reste une réalité.

L'esclavage, une pratique passée et actuelle dans plusieurs pays africains
L'esclavage, une pratique passée et actuelle dans plusieurs pays africainsImage : Imago/epd

Cheickna Diarra est un ancien ressortissant du village de Baramabougou dans la région de Kayes, aujourd'hui réfugié à Bamako. Considéré comme un "esclave par ascendance"par ceux qui prétendent être ses maîtres, il a échappé de peu à la mort le 10 janvier 2019, battu par des hommes en rentrant de chez un ami. Il raconte : 

"Sur le chemin du retour, une vingtaine de jeunes du village m'ont barré la route sans me demander d'où je venais, qu'est-ce-que je faisais là. Ils se sont tout de suite jetés sur moi avec des bâtons en me rouant de coups jusqu'à ce que je tombe par terre et que je perde connaissance."

Cheickna n'aura eu la vie sauve que grâce aux cris de ses proches qui ont alerté d'autres villageois. 

"Nous n'avons plus cultivé nos champs depuis 2018. Ceux qui prétendent être nos maîtres nous interdisaient d'aller à la boutique, au champ et de quitter le village. C'est ainsi que nous avons déposé une plainte contre x dans la localité voisine de Diema pour maltraitance."

'Nous n'avons eu aucun dossier jugé pour cause d'esclavage' (R.W. Altanata) - MP3-Stereo

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Une cause peu entendue

Aujourd'hui, 130 personnes vivent dans le camp pour personnes déplacées de la cité des enfants de Bamako.

Résignés face aux plaintes qui n'aboutissent pas. L'association Temedt, créée en 2006, pour favoriser la consolidation de la paix, du développement, de la protection et de la promotion des droits humains, milite pour l'abandon de l'esclavage par ascendance au Mali.

Raichatou Walet Altanata en est sa vice-présidente : "En tant qu'association de défense des droits de l'homme, nous dénonçons le phénomène depuis 2006. Mais nous n'avons eu aucun dossier qui a été jugé pour cause d'esclavage. Les autorités trouvent toujours des subterfuges. Tantôt elles nous disent que c'est des violences, tantôt c'est une infraction, mais la cause réelle du délit n'a jamais été jugée."

Un déni qui va à contresens des textes internationaux ratifiés par la République du Mali pour lutter contre l'esclavage mais aussi de la loi fondamentale du pays qui indique que la personne humaine est sacrée et inviolable.