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Mali : faut-il dialoguer avec les djihadistes ?

Mahamadou Kane
23 février 2021

La question divise au sein de la société civile et de la classe politique. Certains Maliens ne veulent surtout pas entendre parler de la charia.

Iyad Ag Ghali, un des chefs djihadistes maliens
Iyad Ag Ghali, un des chefs djihadistes maliens Image : AFP/Getty Images

Au Mali, la question se pose de plus en plus depuis que la perspective d’ouvrir des discussions avec les figures maliennes du djihad a été évoquée lors du dialogue national inclusif tenu fin 2019. Faut-il dialoguer oui ou non avec les groupes armés radicaux ?

Le sujet ne fait pourtant pas l’unanimité au sein de la société civile et de la classe politique.

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Aboubacar Sidik Fomba, membre du parti PRVM Fasoko et du Conseil national de transition, l’organe législatif de la transition estime qu'il y a des modalités pour le dialogue avec les deux figures maliennes du djihad.

"Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa n’ont jamais demandé la séparation du Mali. Ils ont tout le temps parlé de la charia qui constitue la loi islamique. Mais qu’on sache de quelle charia parle-t-on. Dans cette optique, s’il y’ a des Maliens qui pensent qu’ils peuvent se soumettre à la charia, moi je ne vois pas d’inconvénients à cela. Ceux qui n’en veulent pas, cela nous permettra d’évoluer vers la justice transitionnelle", explique Aboubacar Sidik Fomba.

Combattants touareg dans la ville de KidalImage : picture-alliance/AP Photo//Rebecca Blackwell

Poser des conditions

Mamedy Dramé du Front de refus contre l’application de l’accord d’Alger estime pour sa part qu’il faudrait d’abord poser certains jalons avant d’envisager l’ouverture d’un dialogue avec les deux principaux chefs djihadistes maliens :  

" Un dialogue doit préalablement répondre à des axes. Ces axes doivent être discutés par les Maliens qui sont les premières victimes de cette guerre. Si le gouvernement arrive à mettre de côté l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger que je qualifie d’illégal et d’illégitime, pour trouver un consensus autour d’un dialogue d’abord inter-malien, toute chose qui pourrait nous orienter vers la nécessité ou pas d’engager des discussions avec les terroristes." 

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Impliquer les communautés

Les autorités de transition se disent ouvertes au dialogueImage : Presse- und Kommunikationsdienst des Premierministers von Mali

Si en octobre 2020, Moctar Ouane, le Premier ministre de la transition malienne avait laissé entendre devant Jean Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, qu’engager des pourparlers avec les principaux chefs maliens des groupes djihadistes est une recommandation du dialogue national inclusif, ce discours semble évoluer depuis. 

Ce Lundi (22.02.2021), le chef du gouvernement a nuancé ses propos sur la question devant les conseillers de la transition, lors des débats sur le plan d’action du gouvernement.

"Il ne s’agit pas d’engager des discussions avec tel ou tel leader. Mais au-delà, qu’il y ait de vastes discussions impliquant toutes les communautés vivant dans ces localités, afin que nous puissions redéfinir le mode de gouvernance qui a permis aux groupes armés radicaux de s’implanter. Cette voie n’est pas exclusive d’une autre forme d’action qui est déjà en cours, à savoir l’action militaire. Les deux vont de pair", dit Moctar Ouane.

Faut-il dialoguer avec les groupes armés radicaux ? Le reportage de notre correspondant

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En 2019, Dioncounda Traoré, ancien chef de l’Etat et haut représentant pour les régions du centre avait envoyé des émissaires pour tenter d’instaurer un cadre de dialogue avec Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa. 

 

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