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Au Mali, le "non" des groupes armés du nord

4 avril 2023

Les groupes armés du Nord disent ne pas se reconnaitre dans le projet de nouvelle Constitution que propose la transition.

Des rebelles de la CMA
Les groupes armés du Nord "déclarent solennellement ne pas se reconnaître" dans le projet de nouvelle constitutionImage : SOULEYMANE AG ANARA/AFP/Getty Images

Dans un communiqué publié il y a quelques jours, les groupes signataires de l'Accord de paix d'Alger, estiment que le projet de nouvelle Constitution qui doit encore être soumis à référendum ne propose aucune avancée dans l'application de l'Accord d'Alger.

Les mouvements signataires de cet Accord rappellent que les autorités de la transition malienne avaient pris l'engagement de veiller à son application.

 Après la validation du projet de Constitution, ces groupes armés du Nord dans un communiqué "déclarent solennellement ne pas se reconnaître" dans le texte en cours de vulgarisation.

Mohamed Elmaouloud Ramadane est le porte-parole des groupes armés du Nord, réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD). Pour lui, le projet qui doit être soumis à référendum ne propose aucune avancée pour l’application de l’Accord d’Alger. 

Blocage dans l’application de l’accord de paix

Ce projet de nouvelle Constitution "ne prend pas en compte les dispositions de l’Accord d’Alger", indique Mohamed Elmaouloud Ramadane à la DW. Il poursuit: "On nous a fait toujours savoir que son blocage, sa lenteur, est due à la non-conformité à la Constitution, d’où la révision de la Constitution en vigueur. Aujourd’hui, pour nous, on parle d’une nouvelle Constitution, on ne parle pas d’une révision constitutionnelle."  

"Je ne me vois pas du tout engagé par l’Accord d’Alger" (Fousseynou Ouattara du CNT)

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Du côté des autorités de la transition, on relativise le contenu du communiqué des groupes armés du Nord.  Pour Fousseynou Ouattara, vice-président de la commission défense au sein du CNT, le parlement provisoire, les groupes armés ne sont pas représentatifs de la population malienne. 

"Les problèmes dont ces gens-là (les groupes armés du Nord) sont des problèmes communs à tous les Maliens. On ne peut pas leur accorder des préférences", explique Fousseynou Ouattara. 

"L’Accord d’Alger n’a ni été paraphé par le parlement ni soumis à un référendum", poursuit le vice-président de la commission défense au sein du CNT qui ne sent "pas du tout engagé par l’Accord d’Alger". 

Un appel au dialogue

Ahmedou Ould Abdallah, expert en sécurité au sahel et président du centre stratégie, sécurité dans le Sahel Sahara, demande de prendre en compte les revendications des mouvements signataires.

Ecoutez les précisions de Reliou Koubakin

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"Il y a un projet de reconnaissance d'un statut particulier ou d'une culture particulière et ça peut être géré par la junte au pouvoir et par eux tous. Il y a la continuité de l'Etat, ça a été signé par le gouvernement. Il y a les problèmes de minorités dans tous les pays du monde mais les gens les gèrent. On ne peut pas être contre la France par exemple et vouloir un Etat comme la France, unitaire"  précise Ahmedou Ould Abdallah qui appelle Bamako et les groupes armés au dialogue.

Les groupes armés du Nord du Mali relèvent un "niveau élevé de fragilité du processus de paix" et mettent en garde contre un "forcing constitutionnel".

En janvier dernier, ils s'étaient retirés de la commission chargée de finaliser le projet de nouvelle Constitution.

En décembre, ils avaient suspendu leur participation à l'application de l'Accord d'Alger dénonçant l'absence de volonté de Bamako à appliquer cet accord de paix.

L'Accord d'Alger a été jugé caduc par de nombreux Maliens. Sa signature en 2015 a pourtant mis fin aux combats entre l'ex-rébellion indépendantiste et le pouvoir central de Bamako.

L’Accord d’Alger prévoit notamment de rétablir la paix au Mali par une décentralisation soutenue (dite régionalisation), la création d’une armée reconstituée intégrant les anciens groupes armés signataires, et des mesures de développement économique spécifiques au Nord du pays. 
 

Cet article a été modifié le 04.04.23 à 20H14 TU