Mali : le JNIM veut imposer le voile aux femmes dans les bus
23 octobre 2025
A notre arrivée à la gare routière de N'Golonina, l’atmosphère n’est pas comme d’habitude. Une apparente fluidité règne dans la cour, habituellement bruyante, en raison des nombreux allers et retours, au quotidien, des bus des différentes compagnies.
Un bus entre dans la gare routière, en provenance de Dioro, une localité du centre du pays.
Aminata a parcouru avec sa mère, en bus, les plus de 100 kilomètres qui séparent Dioro de Bamako. Les deux femmes ont choisi d’être voilées.
Elle explique son choix :
"Les djihadistes ont menacé de punir les femmes qui ne portent pas le voile islamique en leur infligeant des châtiments corporels, ou en les enlevant. J’ai donc eu peur. Toutes les femmes de notre bus ont porté le hijab. D’ordinaire, je ne porte que des tenues correctes avec un foulard pour couvrir ma tête", raconte Aminata.
Sa voisine de table, non voilée, qui préfère ne pas donner son nom, s’apprête à quitter Bamako. Elle semble ferme et assume son choix.
"Si je comprends bien, ceux qui nous imposent cette mesure vont eux-mêmes nous payer le hijab ? Si c’est le cas, il n'y a pas de problème. Autrement, je leur pose la question de savoir : quelle sera la situation de celles qui n’ont pas l’argent pour payer le voile islamique ? Doivent-elles renoncer à leur voyage ?"
Une compagnie suspendue après un accord avec le JNIM
Harouna Coulibaly est responsable d’une compagnie de transport et il rappelle toutefois que le port du voile islamique n’est pas obligatoire pour les femmes qui voyagent avec les différentes compagnies de transport du pays.
"Nous étions dans la confusion au moment où on a annoncé le port du voile obligatoire pour les voyageuses. C’est seulement avant-hier que nous avons reçu l’information de nos chefs concernant la décision du gouvernement de ne pas appliquer la mesure. Car les femmes avaient commencé à porter le voile dans nos bus", raconte-t-il.
La semaine dernière, le Jnim avait posé une condition pour autoriser la reprise des activités de la compagnie Diarra Transports : le port obligatoire du voile islamique par les voyageuses, sur l’ensemble du territoire.
Lors de sa rencontre, lundi, avec les transporteurs de carburant, le premier ministre de transition, le général Abdoulaye Maiga, a dénoncé "une tentative manifeste de déstabilisation."
En conséquence, le gouvernement malien a suspendu, ce mercredi (22.10.2025), jusqu'à nouvel ordre, la compagnie Diarra Transports qui devait reprendre ses activités ce jeudi 23 octobre, après un accord conclu avec le JNIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans) du prédicateur Iyad Ag Ghaly.