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Mali: la désignation de Bah N’Daw ne fait pas l'unanimité

Mahamadou Kane
22 septembre 2020

Bah N’Daw, un militaire à la retraite, va donc diriger la transition au Mali. Mais la procédure de sa désignation ne fait pas l’unanimité.

Image : Getty Images/AFP/M. Cattani

Bah N’Daw a été l'aide de camp de l’ancien président Moussa Traoré décédé la semaine dernière. Il a également été ministre de la Défense dans le gouvernement de l'ex-président Ibrahim Boubacar Keïta en 2014. Il aura comme vice-président le colonel Assimi Goïta, président du le Comité national pour le salut du peuple (CNSP). La procédure de désignation de ce tandem militaro-militaire à la tête de la transition malienne suscite beaucoup de commentaires dans le pays.

Assimi Goïta, le chef des putschistes, va seconder Bah N’DawImage : ORTM TV/dpa/picture-alliance

Voir Bah N’Daw, un colonel major à la retraite et Assimi Goïta, le chef des putschistes du 18 août, à la tête de la transition ne surprend vraiment pas la bloggeuse et activiste Fatoumata Harber, connue sous le nom de Tunbutu Woy sur les réseaux sociaux. Celle-ci est également la coordinatrice de la plateforme Benbere dans la région de Tombouctou, dans le nord du Mali.

Selon elle, "ce mode de désignation a été fait de façon à couper l’herbe sous les pieds du M5-RFP (Mouvement du 05 juin-Rassemblement des forces patriotiques) et d’une transition menée par des civils. Je m’attendais donc à ce que le pouvoir reste entre les mains de la junte".

Rempart contre la Cédéao

Le sociologue Brema Ely Dicko estime pour sa part que le choix d’un ancien colonel de l’armée à la tête de la transition constitue un rempart qu’Assimi Goïta et ses camarades du Comité national pour le salut du peuple utilisent contre la Cédéao.

"La Cédéao (Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest) a exigé que la transition soit civile. Donc je crois que les militaires ont essayé de concilier leurs aspirations et le diktat de l’organisation sous-régionale. Ils ont donc trouvé quelqu’un, un ancien militaire qui est à la retraite, donc c’est une sorte de demi-civil. Quoi qu’il en soit, ça permet d’avancer et de réfléchir au Premier ministre qui serait un civil", explique le chercheur.

Les explications de Mahamadou Kane à Bamako

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Allaye Bocoum est un militant du parti Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance (SADI). Il est aussi surtout un voisin de quartier de Bah N’Daw, le nouveau président de la transition malienne.

"Cela fait bientôt 12 ou 13 ans que nous sommes dans le même quartier. C’est un homme très humble, un homme taiseux et un homme qui n’a jamais eu à ma connaissance de problèmes avec qui que ce soit", témoigne Allaye Bocoum

Le M5 en colère

Le Mouvement du 05 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) dénonce pour sa part, le mode de désignation du président et du vice-président de transition. Choguel Kokalla Maiga, président du comité stratégique du M5, déclare que son groupe n'a été à aucun moment associé à la procédure de désignation.

L’imam Mahmoud Dicko indique qu’il a été mis devant le fait accompliImage : Reuters/R. Byhre

"Notre autorité morale l’imam Mahmoud Dicko a été invité par le CNSP comme personne ressource au collège. Il a dit qu’à son arrivée, il a constaté qu’au lieu d’un collège qui délibérait, c’est un communiqué que le vice-président du CNSP est venu lire. Il n’y a eu aucun débat, il n’y a eu aucun échange", déplore l’ancien ministre de l’Économie numérique, de l'Information et de la Communication de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta.