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Mali : la faiblesse de l’État suscite un malaise social

8 juin 2020

L’opération Barkhane a annoncé avoir tué, le 3 juin, le chef d'AQMI, Abdelmalek Droukdal. L'Etat peine à imposer son autorité, d’où la colère des populations.

Des Maliens appellent à agir contre les groupes terroristes
Des Maliens appellent à agir contre les groupes terroristesImage : Getty Images/AFP

Le patron d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Abdelmalek Droukdal, a été tué en compagnie d’un de ses lieutenants, Toufik Chaib, chargé de la coordination et de la propagande de cette nébuleuse terroriste. 

Mais le fait que ce soient les forces françaises déployées dans le pays qui ont réussi à les éliminer serait le révélateur de la faiblesse de l’Etat malien, selon Baba Dakono, secrétaire exécutif de l'Observatoire citoyen  sur la gouvernance et la sécurité, basé à Bamako.

"L'Etat malien, depuis 2012, traverse de grandes difficultés. Et c'est d'ailleurs ce qui explique la présence des forces armées françaises. Donc c'est une évidence aujourd’hui que l'Etat du Mali, à lui seul, n'est pas capable de faire face à la menace caractérisée par l'activisme des groupes extrémistes violents", explique-t-il.

L’opération militaire française Barkhane a été déployée au Mali en juillet 2014Image : AFP/D. Benoit

Pour sa part, Fatoumata Maiga, présidente de l'Association des femmes pour les initiatives de paix, estime que l’Etat central ne peut pas être tenu pour seul responsable de cette situation.

À l'en croire, "certains Maliens ont participé à la destruction de notre outil de défense. Certains Maliens n'ont jamais donné de répit aux autorités pour les laisser s'occuper du Mali correctement, s'occuper de la défense nationale, quel que soit le bord où ils se trouvent."

Mécontentement

La crise sécuritaire doublée à la crise économique et sociale que traverse le pays a cristallisé le mécontentement des populations. Vendredi (05.06.20), sous la direction de l’influent imam sunnite Mahmoud Dicko, une manifestation a été organisée à Bamako pour dénoncer la faiblesse de l’Etat malien. Les populations ont trouvé en l'ancien président du Haut Conseil islamique malien (HCIM), dont l’influence va crescendo, un porte-parole idéal, affirme Baba Dakono. 

Baba Dakono :" L'instabilité à Bamako pourrait entrainer des conséquences sur le reste du pays"

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Pour lui, "cette crise de gouvernance entame forcément l’Etat du Mali dans ses rapports avec les populations établies à l'intérieur du pays ou même celles qui sont dans les grandes villes. Et l'Etat du Mali, aujourd'hui, dans son mode de gouvernance, ne sert pas les intérêts des populations et l'Etat est incapable de répondre aux besoins élémentaires de celles-ci. La meilleure option, c'est donc celle qui a été choisie par le gouvernement : essayer de ménager le porteur de cette colère ambiante, en vue de trouver des solutions de façon pacifique. L'instabilité à Bamako pourrait entrainer des conséquences sur le reste du pays."

Face à l’insécurité qui sévit dans le pays, de plus en plus de Maliens s’interrogent sur l’efficacité de la présence de la Minusma, la mission de l’Onu. Beaucoup plaident pour le renforcement de son mandat, afin de lui permettre d’utiliser la force pour neutraliser les groupes djihadistes qui commettent des exactions contre les civils, sans que l’État malien ne vole à leur secours.

 

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