Mali : Mamadou Traoré interpellé après des critiques
25 avril 2025
Dans une vidéo récemment diffusée sur les réseaux sociaux, Mamadou Traoré mettait en doute la crédibilité du référendum ayant abouti à l’adoption de la nouvelle Constitution en juillet 2023. Il appelait par ailleurs le président de la transition, le général Assimi Goïta, à abandonner ses fonctions militaires s’il souhaite "évoluer sur le terrain politique".
La liberté d'expression mise à mal
Cette sortie intervient dans un contexte de fortes tensions autour des rumeurs persistantes d’une possible dissolution des partis politiques. Officiellement, la justice ne s’est pas encore exprimée sur les raisons de son interpellation.
Mais pour Yehia Adama Maiga, président du parti Maliden Hakilina, cette arrestation soulève des inquiétudes quant au respect de la liberté d’expression au Mali, qu’il estime ne pas devoir être à géométrie variable.
"Nous avons vu des soutiens de la transition – ou ceux qui se réclament proches des militaires au pouvoir – tenir des propos parfois extrêmes, y compris à l’étranger, contre des chefs d’État", explique-t-il
Yehia Adama Maiga poursuit : "Pourtant, ils ne sont jamais inquiétés. Mais dès qu’un responsable politique critique la gouvernance actuelle ou exprime publiquement son désaccord, il fait face à des ennuis judiciaires. C’est particulièrement préoccupant dans un contexte où la classe politique souhaite manifester son opposition aux rumeurs de suspension ou de dissolution des partis"
Parallèlement à l’arrestation de Mamadou Traoré, Cheick Hamed Tidiane Keita, acteur de la société civile malienne, estime que certains partis, notamment ceux issus du M5-RFP, paient aujourd’hui le prix de leur soutien au coup d’État ayant renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020.
"Ils aspiraient à un changement, à un Mali nouveau – le Mali Kura. Mais face à la situation actuelle, ces acteurs politiques n’ont d’autre choix que de réagir et de s’opposer à un régime qui, à leurs yeux, a trahi les idéaux qu’ils défendaient".
Mamadou Traoré "le Roi" faisait déjà partie des onze leaders politiques arrêtés et incarcérés pendant plusieurs mois après la suspension des activités des partis politiques en 2024.