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Le plan de sortie de crise de la Cédéao au Mali

27 juillet 2020

Les chefs d'Etat de la Cédéao ont confirmé et appuyé les recommandations de la médiation menée sous l'égide de l'ancien président nigérian, Goodluck Jonathan. Celles ont déjà été rejetées par le Mouvement du 5 juin. 

Crise au Mali - de gauche à droite : Ibrahim Boubacar Keita, Goodluck Jonathan et Mahmoud Dicko
Crise au Mali - de gauche à droite : Ibrahim Boubacar Keita, Goodluck Jonathan et Mahmoud Dicko

Les chefs d'Etat des 15 pays membres de la Cédéao (Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest) se sont réunis lundi (27.07.2020) en sommet extraordinaire consacré à la crise politique au Mali.

Au terme de près de trois heures de discussions, le sommet a decidé du maintien au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keïta, dont le départ forcé est "contraire" aux règles démocratiques en vigueur au sein de la Cédéao, comme l'a précisé le chef de l'Etat nigérien, Mahamadou Issoufou, président en exercice de l'institution sous-régionale. 

Gouvernement d'union nationale et législatives partielles
Conformément au plan déjà présenté, les chefs d'Etat ont également demandé la "mise en place rapide d'un gouvernement d'union nationale avec la participation de l'opposition et de la société civile".

Mais aussi la recomposition de la Cour Constitutionnelle et la mise en place d'une commission d'enquête pour déterminer les responsabilités dans les violences des manifestations des 10, 11 et 12 juillet derniers , ainsi que la démission immédiate des 31 députés dont l’élection est contestée y compris l'actuel président de l'Assemblée nationale, Moussa Tembiné, un proche du président malien.

Les manifestations des 10,11 et 12 juillet ont fait 11 morts à BamakoImage : Reuters/M. Rosier

Des élections législatives partielles devront etre organisées. En attendant ces élections partielles, le Parlement pourra fonctionner avec les 116 députés restants, précise le président Mahamadou Issoufou, dans son discours de clôture du sommet extraordinaire.

Comité de suivi

Autre recommandation, la mise en place d’un Comité de Suivi de toutes les mesures annoncées. Ce comité comprendra des représentants du Gouvernement, de l'Assemblée nationale, de la Société civile, de la Magistrature, du M5-RFP, des femmes et des jeunes, avec la participation de l’Union Africaine et des Nations unies, sous la présidence de la Cédéao.
Le sommet a aussi réitéré sa solidarité avec le chef de file de l'opposition, Soumaila Cissé, retenu en otage depuis le 25 mars 2020. Les dirigeants de la Cédéao demandent aux autorités maliennes d’intensifier leurs efforts déjà en cours en vue de sa libération.

Le chef de file de l'oppisition, Soumaïla Cissé a été enlevé le 25 mars 2020 près de Tombouctou (nord)

Enfin, des sanctions seront prises "contre ceux qui poseront des actes contraires au processus de normalisation". Ces sanctions seront mises en oeuvre avant vendredi, a conclu le président nigérien.  

L'imam Dicko dans le viseur

Au cours de ce sommet virtuel, le président Ibrahim Boubacar Keïta, a vertement critiqué les contestataires, au premier rang desquels, leur autorité morale, l'imam Mahmoud Dicko.

Le président malien a indiqué que "ceux qui prennent la rue veulent imposer une transition et faire un coup d'Etat rampant pour mettre en cause la laïcité du pays". Une allusion à peine voilée à l'influent l'imam Mahmoud Dicko, la figure de proue de la contestation populaire. Ces propos ne sont pas de nature à apaiser les esprits, estime le sociologue Bréma Ely Dicko. 

L'imam Mahmoud Dicko est l'autorité morale du M5Image : Getty Images/AFP/H. Kouyate

"C'est une façon de dire que le M5 est un peu responsable de la léthargie dans laquelle nous nous retrouvons au Mali et qu'il faudrait éventuellement les sanctionner. Et donc, le président IBK en tenant ce discours-là, se dédouane. Pour moi, les mots sont trop forts. Il se met complètement à dos tous les militants du M5, mais aussi l'imam Mahmoud Dicko, qui, d'une certaine manière, était celui qui était parvenu à temporiser le M5", explique le chercheur.

Les responsables du Mouvement du 5 juin n'étaient pas disponibles au moment où nous mettions sous presse, pour commenter à chaud les conclusions du sommet des chefs d'Etat de la Cédéao. 

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