1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW
corruptionMali

Mali : le procès de l'achat d'avion présidentiel est reporté

17 septembre 2024

Ce mardi (17.09.24) devait s’ouvrir un procès pour deux affaires de corruption : l’achat d’un avion présidentiel et des contrats d’équipements militaires.

Canada, Richmond | Boeing 737 MAX 8 d'Air Canada (Photo d'illustration)
En plus des anciens ministres, de hauts gradés de l’armée et un ex-directeur de banque sont impliqués dans ce dossier (Photo d'illustration)Image : Bayne Stanley/ZUMA/picture alliance

Pour bien comprendre l’affaire, il faut revenir dix ans en arrière. En effet, hors de toute inscription budgétaire, plusieurs milliards de francs CFA ont été sortis des caisses de l’Etat pour acquérir un Boeing 737. Cela a été possible grâce à un montage financier opaque.

" La mauvaise gouvernance financière est caractérisée par l’incapacité des pouvoirs publics à respecter les règles" (Paul Amegagkpo)

This browser does not support the audio element.

Les médias maliens précisent que des enquêtes ont révélé des détournements de fonds publics à hauteur de 28,5 milliards de francs CFA pour l’avion présidentiel, et de 69 milliards de francs CFA pour les équipements militaires.  

Parmi les personnes accusées, figurent l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, l’ancien chef de cabinet du président Ibrahim Boubacar Keïta et d’autres accusés.

Paul Amegagkpo, qui est le directeur de l’institut Tamberma pour la gouvernance, rappelle que sans l’intervention d’institutions internationales comme la Banque Mondiale ou le Fonds monétaire international, il serait quasiment impossible de mettre en lumière les malversations qui ont entouré ces opérations.  

"La mauvaise gouvernance financière est caractérisée par l’incapacité des pouvoirs publics à respecter les règles et les procédures de passation des marchés publics.  Le gré à gré prend le dessus quand les institutions, chargées de contrôler et d’exiger des comptes aux institutions publiques dans la gestion des finances publiques, sont incapables de pouvoir assumer convenablement leur mission. Dans la mesure où les tenants et les aboutissants des détournements sont perchés aux plus hauts sommets des institutions publiques," explique l’expert.

Plusieurs questions demeurent à propos de cette affaire.

Drissa Kanambaye est enseignant à l’Ecole supérieure des sciences de communication à Bamako, il se demande comment un tel système a pu perdurer.

"Nous qui sommes attachés à la bonne gouvernance, nous nous posons plusieurs questions : comment est-ce que de tels détournements ont pu avoir lieu ? Quel est le système qui était établi à l’époque pour que tout cela passe à travers les mailles du filet ?  Mais les prévenus sont des suspects, tout simplement jusqu’à ce que la culpabilité soit prononcée. Nous croyons à la présomption d’innocence."

Un tel procès n’aurait pu être possible sans un changement à la tête de l’Etat. Cela dit, n'est-on pas face à un règlement de compte ?  Pour Drissa Kanambaye, il y a lieu de placer le curseur ailleurs.

"Beaucoup de personnes parlent de chasse aux sorcières et que les gens sont abusivement arrêtés, qu’ils ont été mis en prison, qu’ils ont attendu très longtemps avant ce jour-ci (jour du procès, ndlr). Nous attendons l’éclatement de la vérité. Certains prévenus sont en prison depuis bien trop longtemps et l’attente a été très longue pour eux. Nous attendons que la justice fasse bien son travail et que les responsabilités soient situées de manière claire et irréfutable."

Soumeylou Boubeye Maïgax, qui a été Premier ministre et ministre de la Défense au moment où les faits ont eu lieu, avait été inculpé en 2021 puis placé sous mandat de dépôt.

Il a été incarcéré à la maison centrale d’arrêt de Bamako où son état de santé s’était détérioré jusqu’à son décès, le 21 mars 2022.

Suite aux évènements qui ont eu lieu plus tôt dans la journée à Bamako, le procès a été ajourné et reporté à la date du 24 septembre.