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Difficile d'exercer le métier de journaliste au Mali

Mahamadou Kane
3 mai 2023

Au Mali, la journée internationale de la liberté de la presse se tient dans un contexte de menaces, d'intimidations mais aussi d'enlèvements de journalistes.

Des journalistes dans un studio
Les journalistes sont de plus sous pressionImage : Thomas Imo/photothek/imago images

Au Mali, on reste est toujours sans nouvelles de Moussa Bana Dicko, directeur des programmes de la radio Hairé de Boni, dans la région de Mopti, au centre du Mali. Celui-ci a été enlevé le 18 avril 2021. Introuvable c'est le cas également pour Sory Koné, directeur des programmes de la radio Danaya, dans la région de Ségou, enlevé le 26 janvier 2023, toujours dans le centre du pays. C'est dans cette atmosphère que les journalistes maliens exercent leur métier pour informer une population qui vit au rythme des attaques terroristes. 

 Des obstacles

Mohamed Dagnoko est un journaliste proche d'Aliou Touré, directeur de publication du journal "Le démocrate" enlevé le 6 avril dernier à Bamako, puis libéré quatre jours plus tard. Pour celui-ci, il est de plus en plus difficile d'exercer le métier de journaliste au Mali :

"Avec le récent enlèvement de notre confrère Aliou Touré et sa libération quelques jours plus tard, suite à tout ce qui s'en est suivi comme mouvements du côté des faitières et des personnes anonymes et d'autres personnes pour qu'il soit libéré, on peut dire que ça ne sent pas la sérénité totale chez les journalistes maliens. On a comme l'impression qu'il y a une sorte d'autocensure. Parce qu'on se dit : est-ce que si on dit ça, ça ne va pas entraîner ça ? Or, du moment où on rentre dans cette logique au détriment de ce que l'on doit faire et de ce que l'on doit dire, même les choses que l'on juge d'utilité publique, et que le journaliste se retrouve à se poser des questions par rapport aux répercussions qui peut y avoir derrière, je crois que c'est une forme d'autocensure qui va suivre" explique Mohamed Dagnoko.

Ecoutez les précisions de Mahamadou Kane

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 Mamoudou Bocoum est quand à lui un journaliste basé dans la région de Mopti, dans le centre du pays. Il revient sur les enlèvements de Hammadoun Nialibouly de la radio Dande de Douentza, en 2020, et de Moussa Bana Dicko de la radio Hairé de Boni, en 2021:

"Jusqu'à présent, nous n'avons aucune nouvelle de ces deux confrères. Ça nourrit et cultive la peur au sein de la communauté des médias dans le centre du Mali. Vraiment, nous sommes tous inquiets par rapport à l'exercice de la fonction de journaliste. Parce qu'on suppose qu'on doit être sécurisé par les forces de défense et de sécurité. Mais en réalité, aucun journaliste inquiété ne peut compter sur l'assistance de qui que ce soit et n'a nulle part où aller se plaindre. Lorsque vous partez dans le delta intérieur du Niger, les groupes armés dictent leurs lois aux hommes de médias, ils leur interdisent de diffuser certaines productions. Nous exhortons les autorités à veiller à notre sécurité dans l'exercice de notre fonction."

Une certaine amélioration

D'après Alexis Kalembry, analyste et directeur de publication à "Mali Tribunes", il y a certes une forme de pression sur les hommes de médias, mais il constate une certaine évolution également.

Si vous regardez les chiffres de Reporters sans frontières, le classement mondial, les critères de classement (le Mali est 115e sur 180 pays classés et perd quatre places ndlr ), oui le Mali a reculé. Maintenant on peut épiloguer sur les raisons, le contexte actuel est compliqué avec tout ce qu'on a comme régime d'exception. Ensuite, les groupes armés terroristes et tout ce qui s'ensuit. Si vous regardez l'aspect concernant les canaux d'informations, l'offre d'informations, oui on peut dire qu'il y a une amélioration avec les nouveaux médias qui prolifèrent, qui sont partout et qui font plus ou moins de bonnes choses." explique-t-il.

Bandjougou Danté, le président de la maison de la presse a quant à lui déploré, dans sa déclaration à l'occasion de la célébration de cette journée internationale de la liberté de la presse, ce qu'il qualifie  "d'immobilisme des pouvoirs publics" dans l'assainissement de l'environnement des médias.

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