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Mali : un remaniement qui suscite des inquiétudes

Mahamadou Kane
3 juillet 2023

Si plusieurs poids lourds conservent leur poste après le remaniement de samedi, d'autres ont été remerciés, dont deux représentants des groupes armés du Nord, signataires de l’accord d’Alger.

Cérémonie de signature de l'accord de paix d'Alger en 2015
Cérémonie de signature de l'accord de paix d'Alger en 2015Image : Habibou Kouyate/AFP/Getty Images

Le nombre des représentants des groupes armés du Nord dans le gouvernement dirigé par Choguel Kokalla Maïga a été réduit. Harouna Mamadou Toureh de la Plateforme et Mahmoud Ould Mohamed de la  Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA)  sortent de cette nouvelle équipe. 

Il ne reste plus que Mossa Ag Attaher qui s’occupe désormais du ministère des Maliens établis à l’extérieur et de l’intégration africaine, ainsi qu'Alhamdou Ag Ilyène, désormais à la tête du département de la communication. 

Selon Paul Oula, analyste des questions sécuritaires, le limogeage des deux représentants des groupes armés signataires de l’accord d’Alger est un mauvais signal.

"On peut d'ores et déjà annoncer la fin de la mise en œuvre de l'accord. Parce que déjà, la Minusma (mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali), dans son mandat, avait un œil très vigilant sur la mise en œuvre de l'accord. Alors, si le mandat de la Minusma n'a pas été renouvelé, les groupes armés se voient un peu esseulés", affirme le chercheur.

Un avis que ne partage pourtant pas l'ancien Premier ministre malien, Moussa Mara, président du parti Yéléma.

L'ancien Premier ministre Moussa Mara en mai 2014 à AbujaImage : Pius Utomi Ekpei/AFP

"Nous avons toujours le maintien dans le discours du gouvernement, y compris au Conseil de sécurité, de la volonté de mettre  en œuvre l'Accord d'Alger. Souvent, les discussions directes entre les parties maliennes peuvent permettre de gagner du temps. Moi, je veux bien croire ça. Les groupes armés sont encore à la tête de la sécurité alimentaire. Ils sont encore présents au Conseil national de transition (CNT, le parlement provisoire, ndlr). Beaucoup d'entre eux sont à Bamako. Donc, je ne pense pas qu'il faille dramatiser outre mesure. Il faut essayer de retenir le côté positif et avancé", soutient Moussa Mara.

Satisfaction et craintes

Au micro de notre correspondant à Bamako, Mahamadou Kane, quelques Maliens ont expliqué leur satisfaction, ou bien leur crainte, face au départ de la Minusma acté vendredi dernier.

"Les attaques se poursuivent. Renouveler leur contrat, ça n'a pas de sens. 

Avec tous les programmes et les aides que la Minusma est en train de fournir au centre et au nord du Mali, quand ils vont rentrer, que vont devenir ces gens?

Des casques bleus ivoiriens de la MinusmaImage : SIA KAMBOU/AFP

Ils se déroutent de leur mission première. Ils donnent des forages à la population, construisent des écoles. Moi, je pense qu'ils ne sont pas là pour ça. Ils sont là pour assurer la sécurité et aider l'Etat malien à recouvrer l'ensemble du territoire."

À noter que dans ce nouveau gouvernement, les militaires maliens ont renforcé leur présence. 

Cependant, les représentants du Mouvement du 5 juin - Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), dont était membre l’actuel Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, ont quasiment été tous débarqués.

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