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Mali: crainte d'un sanglant affrontement à Kidal

31 octobre 2023

Le départ précipité de la Minusma de Kidal fait redouter un affrontement entre l'armée malienne et les groupes armés du nord pour le contrôle de cette ville du nord du Mali.

La minusma doit quitter le Mali au plus tard le 31 décembre 2023
Des membres de la Force de Police de la Minusma lors d'une mission de travail à Tombouctou, le 8 février 2022Image : Nicolas Remene/Le Pictorium/IMAGO

Le 23 octobre dernier, la Minusma s'était alarmée à propos des attaques qui ont visé les convois de ses Casques bleus, des soldats tchadiens, lorsque ceux-ci ont quitté Aguelhok et Tessalit. 

Ils étaient en partance pour Kidal avant de rejoindre le Tchad.  D'où la décision de la Mission de l'Onu de fermer son camp de Kidal plus tôt que prévu. 

La situation sécuritaire dans le nord du Mali est préoccupanteImage : DW

Par ailleurs, suite  aux affrontements entre les Forces armées maliennes, soutenues par les mercenaires russes de Wagner, et d'anciens séparatistes touaregs, les Casques bleus  de l'Onu ont été contraints d'accélérer leur départ des villes du nord du Mali où ils étaient déployés. 

Des départs précipités qui auraient compromis la sécurité dans la localité d’Aguelhok, où la base aurait été évacuée sans attendre d’être transférée aux autorités, selon l'armée malienne.

Oumar Berté, avocat au barreau de Paris et chercheur associé au Centre universitaire rouennais d’études juridiques, rappelle les conditions du départ de la Minusma d'ici au 31 décembre 2023.

Un véhicule de l'armée malienne à Gao en juillet 2018Image : Imago/Le Pictorium/N. Remene

"Selon les termes de cette résolution, les emprises de la Minusma devraient être restituées au gouvernement, aux autorités maliennes. La situation et la réalité sur le terrain ont contraint la Minusma à abandonner certaines emprises de manière précipitée en raison des risques sécuritaires qui pèsent sur leur propre personnel. La Minusma a accéléré son retrait dans beaucoup de localités sans qu'il n'y ait un transfert  entre l'Etat malien et la Minusma des anciennes emprises de la Minusma".

Incertitude, affrontement inéluctable

La fermeture du camp de Kidal, fief des ex-rebelles du Nord, prévue ce 31 octobre, demeure cependant incertaine. Car les autorisations de vols pour les avions de la Minusma sont données au compte-goutte par les autorités maliennes. 

Paul Oula, analyste des questions sécuritaires, estime aussi que le retrait précipité de la Minusma de Kidal aura des conséquences graves.

Il décalre que "l'affrontement est inévitable. Parce que les groupes armés sont sur une position guerrière. Cela fait bientôt onze ans que l'armée n'était pas dans la partie septentrionale, notamment à Kidal, Aguelhok et Tessalit. Alors, je pense que la récupération de ce territoire va se passer par une voie militaire. Et l'armée est réellement prête à affronter les groupes terroristes au cas où ils vont s'opposer à la récupération de ce territoire."

Des combattants de la Coordination des mouvements de l'Azawad en patrouille à Kidal, en août 2022Image : SOULEYMANE AG ANARA/AFP/Getty Images

Joints par la DW, certains ex-rebelles touaregs regroupés au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) sont formels : ils souhaitent empêcher "par tous les moyens" les forces armées maliennes de prendre le contrôle du camp de Kidal après le départ de la Minusma.

L’armée malienne, selon nos informations, est stationnée à une centaine de kilomètres de Kidal, précisément à Anefis et Tessalit. Un personnel de la Minusma qui a requis l'anonymat estime par ailleurs que "la mission de l'Onu au Mali est entre le marteau et l'enclume."

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