Londres et Abidjan se retirent de la Minusma
15 novembre 2022Les retraits annoncés du Royaume-Uni et de la Côte d'Ivoire de la Minusma ne sont pas les premiers. Ils font suite à ceux de l’Egypte en août dernier et de la Suède, dont le départ a également été annoncé cette année.
Et si ces retraits des pays contributeurs renvoient à plusieurs facteurs, ils sont surtout le reflet d'une confiance rompue entre les autorités maliennes et certains pays contributeurs en troupes de la Minusma. Evidemment, ces annonces laissent la mission onusienne dans une situation d'incertitude quant à son avenir, selon Ornella Moderan, chercheuse associée à l'Institut néerlandais des relations internationales (Clingendael Institute) interrogée par la DW.
Quel impact sur la présence allemande ?
Alors que l'annonce du retrait progressif des troupes britanniques marque le désengagement d'une nouvelle nation européenne du Mali, cela aura-t-il une répercussion sur l'engagement de l'Allemagne au sein de la Minusma sachant que les Britanniques justifient leur retrait par la coopération entre le gouvernement malienet le groupe russe Wagner ?
Joint par la DW, le député allemand du parti libéral, Christoph Hoffmann, ne croit pourtant pas que la décision britannique aura des conséquences en Allemagne. "Non, je ne crois pas parce que nous sommes en train de chercher un moyen de renforcement de la Minusma ailleurs. Peut-être avec quelques Etats africains qui peuvent supporter un peu plus cette mission de l'Onu au Mali", explique le député libéral.
Présence robuste des forces africaines
Accroître la présence des forces africaines au sein de la Minusma est une idée mais le départ annoncé de la Côte d'ivoire vient montrer que cette option risque de ne pas être facile.
Christian Klatt, qui dirige la fondation allemande Friedrich-Ebert au Mali, rappelle pour sa part que le maintien des soldats allemands au Mali est toujours en discussion et la réponse qui sera apportée n’est pas encore sûre. "Bien sûr que cette question est ouverte. Pas plus tard que vendredi dernier, on a discuté de ça au parlement allemand. Cela veut dire que l'on va avoir une réévaluation de l'engagement allemand jusqu'à la fin de l'année. Mais pour l'instant, la poursuite de cette mission n'est pas encore totalement claire" , selon M. Katt joint par la DW.
Pour Ornella Moderan, chercheuse associée à l'Institut néerlandais des relations internationales (Clingendael Institute) "depuis l’arrêt des opérations françaises Barkhane et européenne Takouba, ainsi que l’annonce du retrait du Mali du G5 Sahel, on a l'impression que les autorités de Bamako ont créé des conditions de départ volontaire des troupes contributrices à la mission pour pousser la mission vers la sortie, sans l’exiger explicitement" selon l'experte qui ajoute que "si les troupes qui vont quitter le Mali ne sont pas remplacées, cela pourrait accroître la pression sur celles qui restent et les pousser elles aussi à quitter le pays".
Enfin si les retraits des troupes européennes continuent, cela pourrait contraindre la Minusma à revoir son format d'intervention, voire pousser le Conseil de sécurité de l'ONU à reconsidérer l'opportunité de la maintenir, selon l’experte Ornella Moderan.