Le Mali accuse la Minusma d'espionnage
15 mai 2023Le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme a, dans un rapport publié en fin de semaine dernière, accus l'armée malienne et des "combattants étrangers" d'avoir exécuté au moins 500 personnes en mars 2022, lors d'une opération anti-djihadiste à Moura, dans le centre du Mali. La junte malienne a réagi en dénonçant, je cite, un "rapport biaisé, reposant sur un récit fictif".
Dans la foulée, le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, a annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire contre le Bureau des droits de l'homme des Nations unies "pour espionnage, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat".
La raison ? L’exploitation d’images satellitaires, ce que la junte malienne considère comme illégal.
Le Haut-Commissariat "a des motifs raisonnables de croire" qu'au moins 500 personnes, dont une vingtaine de femmes et sept enfants, auraient été "exécutées par les Forces armées maliennes et les personnels militaires étrangers" entre le 27 et le 31 mars 2022 dans cette localité de quelques milliers d'habitants, argumente le document.
Il est basé sur une enquête de la division des droits de l'Homme de la mission de Casques bleus déployée au Mali depuis 2013 (Minusma), 157 entretiens individuels et 11 entretiens de groupes.
Le Haut-commissariat a aussi "des motifs raisonnables de croire que 58 femmes et jeunes filles ont été victimes de viol et autres formes de violences sexuelles". Il fait état d'actes de torture sur des personnes arrêtées.
Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, dans une déclaration commune de leurs ambassades, se sont dits "très préoccupés par les conclusions du rapport qui impliquent des éléments des Forces armées maliennes et le groupe Wagner, soutenu par la Russie dans ces crimes avérés". Ils ont pressé le gouvernement malien de publier rapidement les résultats de son enquête et de juger "les responsables de ces effroyables actes de violence".
Moctar Mariko, président de l‘Association malienne des droits de l'homme, estime que ce rapport n’a fait que reprendre celui de la Fédération internationale des droits de l’Homme et il remet en cause ses conclusions.
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