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Mali : les vols Air France suspendus

Paul Lorgerie
13 janvier 2022

La suspension des vols vers le Mali de la compagnie française met davantage de pression sur les autorités militaires.

St. Martin I Niederlaendische Antillen
Image : Philipp Laage/dpa Themendienst/picture alliance

Les relations entre Paris et Bamako se tendent toujours plus. Lors d'un conseil de défense, le président Emmanuel Macron a décidé la suspension des vols d'Air France vers le Mali, bloquant ainsi des centaines de voyageurs. Une pression supplémentaire sur le gouvernement de transition malien installé depuis juin 2021, qui n'est pas sans effet sur la population, bien que cette dernière semble toujours soutenir les militaires putschistes au pouvoir.

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Une suspension pour une durée indéterminée

Devant l'aéroport de Bamako, assis sur ses valises, Boubacar Coulibaly attend son vol depuis près de six heures.

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"Ils nous ont donné rendez-vous. Moi-même je suis allé à Air France et ils m'ont imprimé mon billet. Ils m'ont dit de venir à 17h55. Je suis arrivé à 13h et ils nous ont annoncé que les vols sont suspendus jusqu'à nouvel ordre. Moi je ne peux pas rester ici. Mes enfants m'attendent, mon travail m'attend, c'est ma vie en fait" explique Boubacar.

Tout comme lui, des centaines de voyageurs n'ont pas pu décoller de Bamako mercredi. Un avion dans les airs a même été détourné vers le Liberia.

Air France a suspendu tous ses vols à destination et en provenance du Mali pour une durée indéterminée, "en application des décisions des autorités françaises", selon les termes de son communiqué.

Lire aussi: Réactions des Maliens aux sanctions de la Cédéao

Un nouveau coup dur pour Bamako, sanctionné dimanche dernier par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, la Cédéao, qui reproche aux militaires au pouvoir de ne pas avoir respecté le calendrier de la transition.

La décision est qualifiée de "brusque" par le ministère malien des Transports et des infrastructures qui communique qu'ils n'ont pas été consultés et qu'aucune justification ne leur a été donnée.

D'autant que nombre de personnes emprunte cette ligne, qui représente deux vols par jour, et que les autres moyens pour atteindre la France sont limités.

Ce n'est pas pour autant que Boubacar se décourage : il passera par la Turquie.

"Je ne vais pas rester ici. Je vais tout faire pour rentrer qu'importe le prix. C'est galère quand même" se plaint-il.

Un soutien inébranlé

La pression que subit le Mali n'ébranle néanmoins en rien le soutien populaire dont bénéficie la junte. Selon plusieurs interlocuteurs, cela tendrait même à le renforcer. C'est en tout cas le sentiment ambiant à Bamako.

Assimi Goïta le président de la transition au Mali.Image : Präsidentschaft der Republik Mali

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Selon Boubacar Haïdara, chercheur associé au laboratoire Les Afriques dans le monde, la Cédéao dessert les intérêts maliens quand le gouvernement de transition les défend.

"Les sanctions de la Cédéao sont vues comme étant des actes de syndicat de chefs d'Etat qui au lieu de préserver les intérêts de la population, ne pensent qu'à préserver les intérêts des chefs d'Etat" explique le chercheur.

De nouvelles sanctions doivent par ailleurs être décidées à Bruxelles, par l'Union européenne qui a affirmé soutenir la Cédéao.