Il y a un an, le massacre de Tinzawatène au Mali
24 juillet 2025
La défaite infligée à l'armée malienne et au groupe Wagner a permis de savoir trois choses : d'abord, pour la première fois, les mercenaires russes du groupe Wagner ont reconnu avoir un lien avec l'État malien, alors que Bamako avait toujours nié avoir un quelconque accord avec les supplétifs russes. La bataille de Tinzawatène a aussi fait ressortir le dysfonctionnement dans la chaîne de commandement des activités de Wagner et celle de l'armée malienne, face aux groupes armés locaux.
Enfin, sur le plan militaire, ni Bamako ni les groupes armés n'ont obtenu de victoires décisives, explique Mohamed Ag Ahmedou, journaliste et analyste politique actif sur les enjeux du Sahel et de l'Azawad.
Pour lui, "l'armée malienne a subi des pertes notables, malgré l'appui aérien russe, tandis que le groupe touareg a démontré sa résilience et ses connaissances du terrain. Maintenant, sur le plan politique, la bataille de Tinzawatène a marqué une rupture quasi-définitive du processus de paix d'Alger de 2015. L'État malien a repris le contrôle militaire de certaines localités, mais sans base politique durable. L'administration civile y est absente, les tensions communautaires s'aggravent et la présence militaire est vécue comme une occupation."
Diffusion d'images macabres
La bataille de Tinzawatène est marquée par les images diffusées sur les réseaux sociaux montrant la destruction d'une colonne de véhicules russo-malienne, ainsi que plusieurs dizaines de soldats maliens et russes tués, ou faits prisonniers, par des groupes rebelles retranchés non loin de la frontière algérienne. Depuis, les autorités militaires ne cessent d'accuser l'Algérie de soutenir la rébellion et les mouvements djihadistes qui opèrent sur le territoire malien.
Profonde crise avec Alger
Pour Mamadou Mouth Bane, auteur de plusieurs publications sur le djihadisme et la criminalité dans le Sahel, la défaite de Tinzawatène est effectivement l'une des causes de la crise de confiance entre les deux voisins.
"Assimi Goïta est dans une logique (de défiance) parce que les autorités maliennes ne font pas confiance à l'Algérie. Pour elles, l'Algérie joue un double jeu. L'Algérie affiche une position le jour, c'est-à-dire une disponibilité à accompagner les autorités de Bamako, et la nuit, l'Algérie parle avec des groupes armés contre les intérêts maliens."
Sur le plan strictement politique, les autorités militaires de transition reprochent à Alger d'accueillir les opposants politiques, explique Mamadou Mouth Bane : "La junte n'a pas encore digéré l'asile politique accordé par Alger à Mohmoud Dicko, qui était un opposant farouche de la junte. L'autre question, c'est que l'Algérie, également, n'a pas digéré le fait que Bamako remette en cause les accords de 2015, les accords de paix d'Alger."
L'armée malienne face aux attaques armées
La déroute subie à Tinzawatène par l'armée malienne et le groupe Wagner, face aux groupes rebelles locaux, et au groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, a été un camouflet pour le pouvoir militaire malien, qui affirmait que sa stratégie de rupture avec les forces internationales avait permis d'inverser la tendance face aux djihadistes.