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Au Mali, Zol danse pour la planète

Paul Lorgerie
28 octobre 2021

L'artiste malien Zol veut convaincre ses concitoyens de moins consommer de plastique.

Le plastique finit par arriver dans les océans où il est ingéré par les animaux
Le plastique finit par arriver dans les océans où il est ingéré par les animauxImage : picture-alliance/Photoshot

Au Mali, Alou Cissé, dit Zol, se mobilise pour l’écologie.

Depuis plusieurs années, ce danseur d’art contemporain qui a travaillé avec de grands noms de sa profession, arpente les rues de la capitale malienne pour sensibiliser ses habitants à limiter leur consommation de plastique. Emmitouflé dans son costume de sacs plastiques, l’artiste ne passe pas inaperçu. Paul Lorgerie l’a suivi une matinée dans un quartier de Bamako.

Ecoutez son reportage ci-contre: 

 

Graines d'espoir : Zol danse pour l'environnement

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Un nuage de sacs plastiques noirs s’agite au cœur du marché de Badalabougou. Interloquées, des dizaines de personnes s’arrêtent pour voir la représentation.

Zol, 37 ans, est à la manœuvre. Et si sa performance intrigue, elle a pourtant un but bien précis.

"Partout dans le monde, et plus précisément au Mali, on se fout de ces plastiques, explique l'artiste. Les gens disent que c’est à la charge de la mairie, ou du gouvernement. Or ce n’est pas le maire ou le gouvernement qui dit aux gens d’aller consommer et de prendre ses sacs, c’est la responsabilité de chacun. Il faut savoir où les jeter."

Des champignons pour remplacer le plastique?

05:13

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On m'a dit que mon pays était sale, cela m'a fait mal

Un jour, alors qu’il s’apprête à décoller pour la France aux côtés de collègues ouest-africains, ces derniers lui font une remarque avant de décoller.

"Ils n’ont vu que des sachets pastique sur la route de l’aéroport. Ils m’ont alors fait remarquer que mon pays était sale. Cela m’a fait mal mais je trouvais qu’ils disaient la vérité."

Car en effet, à Bamako, ces sachets noirs distribués dans chaque échoppe inondent les rues, les canaux et tuent le fleuve Niger. 

Le Niger aussi est menacé par les déchets en plastiqueImage : Getty Images/A. Koerner

Une loi de papier

Leur utilisation est pourtant régulée par une loi de 2014, comme l’explique Amadou Camara, ancien directeur général de l’assainissement. 

"Théoriquement c’est interdit. Mais chaque fois que l’on veut les saisir, le décret dit qu’il faut prouver que ces sachets ne sont pas biodégradables. Mais nous n’avons pas de machine pour cela."

Le plastique se niche partout

Faute de moyens, difficile de prouver que ces sachets ne sont pas biodégradables. Il est alors nécessaire de recourir au système D :

"A défaut d’un équipement, on le fait de façon empirique. On laisse les sachets à l’air libre pendant deux jours puis on vient voir. Vous verrez que cela se casse et se transforme en petits morceaux. On nous dit alors que c’est biodégradable. Alors qu’en fait non, cela devient encore plus dangereux car le plastique se retrouve à des endroits insoupçonnés. Dans les animaux, ou encore dans les produits de consommation. Cela se dépose partout."

Un sujet qui n’a pour autant pas échappé aux ministres actuels. En effet, selon Amadou Camara, un décret est en discussion pour appliquer la loi. Mais face au poids de l’industrie du plastique, ces sachets qui défigurent la capitale pourraient encore avoir de beaux jours devant eux.