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Manifestations au Tchad : stop ou encore ?

Blaise Dariustone
10 mai 2021

Le mouvement Wakit-Tama veut continuer à manifester. Les autorités de transition trouvent cette colère illégitime alors qu'un dialogue national est en train de s'amorcer.

Le Tchad à un carrefour, la contestation ne fait pas l'unanimité (archive du 27 avril 2021)
Image : Sunday Alamba/AP/picture alliance

Au Tchad règne un calme précaire après un début de week-end mouvementé. La manifestation organisée samedi, à N’Djamena, par le mouvement citoyen Wakit-Tama a été réprimée par les forces de l’ordre.

Wakit-Tama veut maintenir la pression

Wakit-Tama, qui veut dire "l’heure a sonné" en arable local, entend cependant poursuivre la mobilisation dans la rue contre le Conseil militaire de transition, dirigé par Mahamat idriss Déby, l’un des fils de feu le président Idriss Déby Itno.

>>> A lire aussi : Au Tchad, la coalition Wakit-Tama appelle à des marches pacifiques

Le gouvernement tchadien de transition appelle de son côté les initiateurs de ces manifestations à se conformer à la loi.

Correspondance depuis N’Djamena de Blaise Dariustone

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Le mouvement Waki-Tama veut poursuivre la mobilisation dans la rue en dépit de la répression qui s’est abattue samedi dernier sur ses partisans. Au moins trois personnes ont été blessées dont une par balle à l’abdomen et une trentaine de personnes ont été arrêtées  selon les initiateurs de la marche.

"C'est une perpétuation du pouvoir Déby"

Mais pour le défenseur des droits humains Mahamat Nour Ahmat Ibedou, membre de la coordination de Wakit-Tama, il n’est pas question de fléchir.

 ‘’Les marches vont naturellement continuer tant que le conseil militaire va s’entêter de ne  pas vouloir s’ouvrir aux vraies forces vives. Pour nous c’est carrément la continuation,  la perpétuation du pouvoir de Monsieur Deby père. Tout est préparé pour ça et c’est inadmissible d’accepter cela. Nous n’avons pas d’autres langages, c’est la rue. Tant que nous ne sommes pas impliqués dans le mécanisme pour essayer de garantir une certaine transparence d’un processus démocratique réel nous continuerons avec le langage que nous connaissons.’’

Mahamat Idriss Déby, réformateur ou en droite ligne de son père ?Image : Brahim Adji/Tchad Presidential Palace/AFP

Rappel à la loi

Cette marche réprimée avait pourtant été autorisée au départ. Mais le gouvernement tchadien a justifié cette répression par des propos jugés incendiaires de la part des responsables du mouvement  Wakit-Tama à la veille de la manifestation. Abdramane Koulamallah, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement invite désormais les manifestants à se conformer à la loi.

"La manifestation est un droit inaliénable parce que c’est l’expression de la liberté d’expression individuelle et collective. S’ils veulent manifester dans le cadre de loi, on va les autoriser à manifester donc ils n’ont qu’à réfléchir.  Il y a un gouvernement consensuel qui se dirige vers un dialogue national inclusif. La nécessité pour ceux-là de manifester est incompréhensible."

>>> A lire aussi : Menaces sur les défenseurs des droits humains au Tchad

Le gouvernement de transition militaire pose 4 conditions comme préalables à l’autorisation de toute marche pacifique. Il s’agit d’adresser une demande en indiquant l’itinéraire de la marche, signer un engagement,  sensibiliser les manifestants à éviter tout  trouble à l’ordre public et présenter un document qui prouve que l’organisation initiatrice de la marche est bien fonctionnelle. Des exigences jugées inacceptables par l’opposition et la société civile.

Victoire proclamée sur le FACT

Par ailleurs, l'armée tchadienne a  déclaré hier dimanche que l'opération contre les rebelles du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT) qui mènent depuis un mois une offensive militaire contre l’armée, l’opération est "finie" et que "la situation est revenue à la normale". 156 prisonniers du FACT, ainsi que de nombreux véhicules saisis ont été présenté la presse.

 

Au Sahel, les dessous et enjeux d'une instabilité qui s'aggrave

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Pendant ce temps, Abdelkerim Idriss Deby, un autre fils du président défunt, par ailleurs directeur adjoint de cabinet civil de son frère président du Conseil de transition, poursuit sa tournée dans les pays de la sous-région.

Abdelkerim Idriss Deby s’est successivement rendu ces derniers jours à Yaoundé au Cameroun, à Malabo, en Guinée-Équatoriale, à Kigali au Rwanda et à Brazzaville au Congo. But de sa mission : expliquer aux chefs d’Etat de ces pays le principe d’une "transition apaisée", qui aboutirait à des "élections libres, transparentes et démocratiques".

L'Union africaine doit se prononcer

Le Conseil paix et sécurité de l’Union africaine doit se prononcer dans la journée sur la situation au Tchad par visio-conférence, après avoir séjourné il y a un peu plus d’une semaine dans le pays. Selon une source diplomatique de l’UA jointe ce matin à Addis-Abeba, la mission de l’Union africaine préconise que l'organisation africaine déroge exceptionnellement à ses principes et accompagne la transition au Tchad. 

>>> A lire aussi : L'UA discute avec les acteurs politiques tchadiens

L’UA exige notamment le respect strict d'une transition de 18 mois maximum, l'organisation d'un dialogue national inclusif qui aboutirait sur un partage du pouvoir entre militaires et civils, comme cela s'est fait au Soudan.


Quant au président du Conseil Militaire de Transition au Tchad (CMT), Mahamat Idriss Déby, il effectue son premier déplacement à l’étranger ce lundi. Il s'est rendu au Niger, pour y rencontrer le président Mohamed Bazoum, désigné par ses pairs du G5 Sahel médiateur dans la crise politique au Tchad.
 

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais