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Hommage à Marie-Ange Pioerron

Dirke Köpp
7 avril 2022

La nouvelle du décès de Marie-Ange Pioerron a été un choc pour beaucoup - non seulement au sein de la rédaction Afrique francophone, mais aussi bien au-delà.

L'ancienne directrice de la rédaction Afrique francophone de la DW, Marie-Ange Pioerron.
L'ancienne directrice de la rédaction Afrique francophone nous a quittés le 26 février à l'âge de 73 ans. Image : Privat

De nombreux correspondants et ex-correspondants en Afrique francophone ont écrit de longs messages évoquant les bons souvenirs de leur première rencontre avec Marie-Ange Pioerron.  

Ils racontent, par exemple, comment "Ange" les avait accompagnés pendant leur stage, tant sur le plan professionnel que personnel. Comment elle s'était occupée d'apporter une veste épaisse pendant les mois d'hiver et les premiers draps aux stagiaires. Ou en leur prêtant un bon livre pour la fin de la journée. Marie-Ange était elle-même une lectrice passionnée.

  

Marie-Ange était une lectrice passionnée.Image : DW / Köpp

Marie-Ange Pioerron a travaillé pendant 44 ans à la Deutsche Welle. Arrivée à 21 ans en tant que traductrice, elle est rapidement devenue journaliste, spécialiste de l'Afrique et, plus tard, une figure essentielle de la rédaction. Ce qui l'a toujours distinguée, c'est sa grande compétence et sa connaissance de l’Afrique ainsi que sa passion dans tout ce qu'elle entreprenait.    

  "Marie-Ange s'est, pour ainsi dire, fondue dans la DW", confie un ancien collègue malien. "Elle était l'une des premières à arriver au bureau et l'une des dernières à le quitter". On ne l'a en fait jamais entendu se plaindre. Ses critiques étaient parfois spontanées et parfois très directes. Ce n’était jamais pour blesser mais toujours de manière constructive et avec la volonté sincère d'améliorer la performance d'une personne.   

Une riche expérience  

 Bien avant que le mot coaching ne soit sur toutes les lèvres, Marie-Ange Pioerron encadrait les correspondants dans leurs débuts et leur apprenait, ainsi qu'à de nombreux collègues de la rédaction de Bonn, le b.a.-ba du journalisme radio avec une patience angélique et sa riche expérience. Pour l'auteure de ces lignes, elle a également été d’un grand soutien lors de ses premiers pas à la DW. Marie-Ange a été une personne à qui on pouvait faire absolument confiance : jamais elle n’aurait dévoilé quelque chose qui lui avait été confié de manière personnelle.    

  Il n'est donc pas étonnant que Marie-Ange Pioerron ait été appelée par beaucoup "Ange", une abréviation de son nom composé. En fait, elle s'appelait Ange-Marie - mais comme cela sonnait comme un nom d'homme, certains collègues l'ont rebaptisée Marie-Ange sans hésiter.   

Marie-Ange avec les collègues de la rédaction Afrique francophone en février 2011 dans le hall de la DW. Image : DW

Dans les courriers parvenus à la rédaction après son décès, plusieurs ont mentionné le mot "maman", la mère de la rédaction. Lors de ses voyages officiels, elle laissait également des traces chez les personnes qu'elle rencontrait. Plus d'une fillette a été appelée Marie, Mariam ou même Mariam-Ange par ses parents après une rencontre avec cette journaliste étrangère mais si ouverte. Pourtant, elle ne parlait jamais beaucoup d'elle. Et les moments où elle révélait quelque chose sur elle-même étaient rares et précieux.    

Une nouvelle approche pour des thèmes prétendument " anciens "  

Personne n'a compté le nombre de coups d'Etat auxquels Marie-Ange Pioerron a assisté au cours de ses 44 ans de carrière à la DW et en Afrique francophone, une région riche en coups d'Etat. Elle n'a pas non plus compté le nombre de présidents qu'elle a accompagnés au cours de son activité journalistique. Mais une chose est sûre : elle trouvait toujours de nouvelles façons de raconter aux auditeurs des sujets soi-disant "vieux" - et, comme en passant, de leur apprendre quelque chose de nouveau. Il était également important pour elle de se détacher du regard de ses concurrents et de définir des thèmes propres à la DW pour l'Afrique francophone.    

 Pendant de nombreuses années, elle a produit l'"Afropresse", un résumé d'articles en allemand sur des thèmes africains, et le magazine consacré aux droits de l'Homme de la rédaction. Elle était en quelque sorte la voix de la DW pour les droits de l'Homme en Afrique francophone.    

 Aujourd'hui, sa voix s'est éteinte. Le 26 février, Marie-Ange est partie des suites d'une grave maladie, un jour seulement après son 73e anniversaire. Mais dans la mémoire de ses collègues et correspondants en Afrique, elle continue à vivre.