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Maroc : HRW dénonce les méthodes de muselage des opposants

1 août 2022

Selon l'ONG, la stratégie du Maroc vise à museler les opposants tout en préservant l’image d'un pays "modéré" et respectueux des droits de l’homme.

Portrait de l'activiste Maati Monjib
L'activiste marocain Maati Monjib est actuellement poursuivi pour "atteinte à la sécurité de l’Etat", mais aussi pour "fraude et blanchiment d’argent"Image : Paul Schemm/AP/picture alliance

Dans un rapport et une vidéo publiés la semaine dernière (28 juillet), Human Rights Watch dénonce les méthodes des autorités marocaines pour réduire au silence les activistes et les journalistes indépendants. Une stratégie qui vise à discréditer les opposants et ainsi à préserver l’image de pays "modéré" et respectueux des droits de l’Homme que le Maroc cherche à se donner, selon l’ONG. 

Parmi les opposants qui sont décriés, il y a Maati Monjib. Cet historien et activiste, cofondateur de l’Association marocaine du journalisme d’investigation, est poursuivi pour "atteinte à la sécurité de l’Etat", mais aussi pour "fraude et blanchiment d’argent". Des griefs relativement nouveaux, si l'on en croit son témoignage : 

"Dans le passé, les opposants marocains subissaient des procès politiques clairs, ce qui faisait d’eux des héros et leur assurait le soutien de l’opinion publique. Aujourd’hui, on les accuse de viol, de vol, de trahison. C’est plus efficace, parce que ça les coupe du soutien populaire".

"Un écosystème de répression", selon HRW

Des témoignages comme celui-ci, la vidéo qui accompagne le rapport de Human Rights Watch en est truffée. 143 pages qui documentent "des tactiques qui se complètent pour former un écosystème de répression". Pour son enquête, Human Rights Watch a documenté la répression de huit personnes et deux institutions médiatiques. L’ONG a également mené des entretiens avec 89 personnes à l'intérieur et à l'extérieur du Maroc, dont des victimes de harcèlement policier ou judiciaire, des proches, des défenseurs des droits humains, des activistes et des journalistes.

"Parmi les techniques utilisées : les campagnes de diffamation, la surveillance vidéo et électronique, les procès biaisés qui se soldent par des verdicts injustes, l’intimidation de témoins et parfois la violence physique et le ciblage de membres de la famille", peut-on également entendre dans la même vidéo. 

Des allégations réfutées par le gouvernement marocain

Et l’un des symboles de la répression de ces voix dissonantes : c’est Omar Radi. Le journaliste a été condamné en appel, en mars dernier, à six ans de prison ferme pour "espionnage et viol". 

Des accusations "fallacieuses" pour son avocat, alors que le Marocain de 36 ans enquêtait sur la corruption d’Etat. 

Le journaliste et activiste marocain Omar Radi après son audition au tribunal de Casablanca, en mars 2020Image : picture-alliance/AP Photo/A. Bounhar

D’ordinaire silencieuses dans ce genre d’affaires, les autorités marocaines ont tenu à réagir à la publication du rapport. 

"Ce document est un amoncellement d’allégations que cette organisation a pris l’habitude de porter à l’encontre de notre pays. Cet acharnement est allé jusqu’à colporter des accusations infondées, dont la plus dangereuse intention est de retourner ses partenaires contre le royaume", a déclaré Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement. "Ces calomnies n’empêcheront pas notre pays de poursuivre le but qu’il s’est tracé pour la consolidation de ses institutions et pour la défense des droits et des libertés.

Signe que la liberté de ton est préoccupante dans le royaume : le Maroc occupe actuellement la 136e place sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse, édité par Reporters Sans Frontières. 

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