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Le massacre de Mpondwe en Ouganda interroge

19 juin 2023

Au moins 41 élèves ont été tués à coups de machette, abattus par balles ou brûlés vifs lors d’une attaque contre leur lycée dans l’ouest de l’Ouganda, à la frontière avec la RDC.

Massacre de l'école de Mpongwe en Ouganda : cercueils des victimes (Photo du 18 juin 2023)
Après le massacre de Mpondwe, de nombreuses questions demeurent à propos des opérations conjointes FARDC-UDPF (Photo d'illustration) Image : Hajarah Nalwadda/XinHua/picture alliance

Les faits se sont déroulés en Ouganda, au lycée Lhubiriha qui se trouve à moins de deux kilomètres de la frontière avec la République démocratique du Congo, où les ADF sont actifs et sont accusés d'avoir tué des milliers de civils depuis les années 1990.

 Des responsables de l'armée et de la police ougandaises ont incriminé les Forces démocratiques alliées (ADF), une milice qui a prêté allégeance au groupe Etat islamique.

Pour le professeur Kristof Titeca, qui enseigne à l’université d’Anvers en Belgique, l’attaque présente des caractéristiques communes avec une autre conduite il y a 25 ans, dans la même région à l’école de Kichmwamba, et qui avait coûté la vie à 80 personnes.

"Pour cette attaque, la presse ougandaise rapporte que les assaillants ont spécifiquement demandé aux musulmans de s’identifier, raconte Kristof Titeca. Il n’y en avait pas, donc ils ont attaqué tout le monde. La légitimité principale du gouvernement du président ougandais Yoweri Museveni est qu’il a apporté la paix et la stabilité à la région. L’armée et le gouvernement ougandais ont déclaré à plusieurs reprises que l’ADF était vaincu mais ce n’est pas le cas. L’ADF poursuit ses attaques au Congo et maintenant en Ouganda."

Frontières trop poreuses ?

Emmanuel Musongora Syasaka, professeur à l'université catholique Graben de Butembo, dans le Nord-Kivu, s’interroge sur l’effet de diversion que pourrait avoir cette attaque alors que des soldats ougandais sont déployés dans l’est de la RDC pour lutter justement contre les ADF.

Il rappelle également que l’Ouganda est connu pour bien protéger ses frontières, ce qui pousse à s’interroger sur l’endroit d’où est venu ce groupe.

"Est ce que réellement ces acteurs sont venus de la RDC ou alors est-ce un autre groupe mais qui, dans son mode opératoire, peut avoir des connexions avec ceux qui sont en RDC, se demande Emmanuel Musongora Syasaka ? Il est vrai que le mode opératoire utilisé ce sont des machettes et ils ont utilisé parfois des armes à feu pour abattre certains élèves. Ce qui n’a en revanche pas encore été observé en RDC, c’est l’utilisation de fer à béton. Ils les ont mis dans la bouche de leur victime. Ce mode opératoire du fer à béton n’a jamais été utilisé du côté congolais," explique l’enseignant à la Deutsche Welle.

Quid de l’opération Shujaa ?

L’armée ougandaise est présente en RDC depuis 18 mois où, aux côté des militaires congolais, elle conduit une opération baptisée Shujaa pour combattre les ADF.

 

Cependant, précise le professeur Kristof Titeca, des recherches ont montré que l’intervention de l’armée ougandaise a eu l’effet paradoxal de rapprocher les rebelles de la frontière ougandaise.

Selon lui, la capacité de l’armée ougandaise est d’ailleurs insuffisante pour faire face à l’étendue du territoire sur lequel les ADF opèrent depuis plus de 20 ans, et cette connaissance du terrain donne un avantage aux rebelles.