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Mauritanie : vers une jurisprudence Ould Abdel Aziz ?

12 mars 2021

L'inculpation pour corruption de l'ancien président mauritanien pourrait inciter les dirigeants à s'accrocher au pouvoir.

Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo

Le juge d'instruction a suivi les réquisitions du procureur Ahmedou Ould Abdallahi. Celui-ci avait demandé l'inculpation et le placement sous contrôle judiciaire de l’ancien président et plusieurs de ses anciens proches collaborateurs.

Mohamed Ould Abdel Aziz affirme qu’il s’agit d’un "règlement de comptes" organisé par son successeur, dont il était pourtant le mentor.

Ces accusations sont relativisées par le directeur du journal Biladi et analyste du think tank 4S, le Centre d’études sur les grandes questions de sécurité du Sahel et du Sahara. Moussa Hamed estime que cette inculpation est inédite en Mauritanie.

"C’est vraiment nouveau chez nous" (Moussa Hamed)

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Selon lui, "en général, on jette quelqu’un en prison et après on cherche à lui trouver une inculpation. S’il y avait vraiment l’acharnement du pouvoir contre le président Mohamed Ould Abdel Aziz, ils l’auraient jeté en prison. Donc là, au niveau de la forme, c’est vraiment nouveau chez nous.

Le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani qui était chef de cabinet puis le dernier ministre de la Défense de Mohamed Ould Abdel Aziz invoque l'indépendance de la justice.

Effet domino

L'inculpation de Mohamed Ould Abdel Aziz ne risque-t-elle pas d’inciter plus encore les autres chefs d’Etat africains à s’accrocher au pouvoir ?

C’est en tout cas l’analyse de Régis Hounkpè, politologue et directeur d’Interglobe conseils.  Il estime que "beaucoup de dirigeants sur le continent africain se permettent d’avoir un troisième, un quatrième, un cinquième mandat. Il faut aller jusqu'au bout du processus. Je pense que les dirigeants sur le continent ne doivent pas craindre leur bilan et leur gouvernance s'ils savent effectivement qu'ils ont très bien géré le pays, qu'ils ont bien géré les deniers publics, qu'ils ont été vraiment exemplaires sur le plan des libertés publiques et de la démocratie. Il faut qu'ils laissent le pouvoir et s'en aillent avec les ors de la République, avec surtout le passage dans l'histoire."

"Il faut aller jusqu'au bout du processus" (Régis Hounkpè)

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L’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation : corruption, blanchiment d'argent, enrichissement illicite, dilapidation de biens publics, octroi d'avantages indus et obstruction au déroulement de la justice.

Placé sous contrôle judiciaire, il doit se présenter à la police trois fois par semaine et demander l'autorisation du juge pour quitter la capitale.

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