Médias en Guinée : l'Etat tente de désamorcer la crise
20 mai 2025
L'avenir de la presse guinéenne est en débat à Conakry, la capitale de la Guinée, à l'occasion d'un forum de trois jours qui regroupe l'ensemble des médias du pays. Le forum se tient dans un contexte tendu entre la presse et l'Etat, en raison de la fermeture des principaux médias privés du pays, mais aussi de l'enlèvement de Habib Marouane Camara, directeur de publication du site d'information Le Révélateur 224.
La Haute autorité de la communication (HAC), l'organe de régulation, est l'initiatrice du forum. Amadou Touré, commissaire à la HAC, explique que "c'est au regard du contexte actuel qui est marqué par une tension entre l'Etat et la presse que se tient ce forum. Une tension quelquefois entre l'Etat et les quelques médias privés parce qu'on ne peut pas dire que ce soit l'ensemble des médias. On va parler de l'éthique et de la déontologie, on va parler des lois. Parce qu'aujourd'hui, on vous parle des médias sociaux, on vous parle d'internet, on vous parle de l'intelligence artificielle. Est-ce que nos lois qui régissent la presse en Guinée sont en corrélation, est-ce qu'elles sont adaptées aux réalités du monde actuel ?"
Des journalistes au chômage
Les journalistes guinéens sont nombreux à souligner les problèmes auxquels ils sont confrontés. Pour Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat professionnel de la presse de Guinée, "ce contexte est particulièrement difficile. Il est marqué par des menaces que nous enregistrons au niveau du syndicat. Beaucoup de journalistes viennent se plaindre. Il y a des cas d'emprisonnement que vous connaissez, y compris moi-même. Il y a des cas de suspension, par la HAC, des sites d'information, des suspensions allant de trois à neuf mois. Vous connaissez l'affaire de Habib Marouane Camara et puis vous avez le retrait pur et simple des agréments de six médias, deux télévisions et quatre radios privées en République de Guinée".
Le sort de Marouane Camara
A la rédaction du journal Le Révélateur 224 de Marouane Camara, les journalistes sont inquiets et espèrent le revoir sain et sauf.
Mamadouba Camara rappelle que "ce fait plus de cinq mois et on ne sait pas où il est. Nous sommes vraiment inquiets dans notre rédaction. On ne sait pas à quel saint se vouer. Il n'y a pas de nouvelle, on ne sait pas où il se trouve. A la rédaction, nous sommes tous inquiets. Son cas a été évoqué, je pense, deux fois par le président de la Haute autorité de la communication qui a quand même dit aux autorités de poursuivre les enquêtes afin de le retrouver.
Le forum de Conakry sur l'avenir de la presse pourrait être un élément déclencheur pour désamorcer la crise entre la corporation et l'Etat guinéen. Un contexte inquiétant, marqué par le recul de la liberté de la presse, comme en témoigne le dernier rapport de Reporters sans frontières.