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MédiasNiger

Les médias de plus en plus sous pression au Niger

Maimouna Amadou
1 septembre 2023

Au Niger, des journalistes font l’objet d’intimidations et de menaces, alors que les putchistes semblent se radicaliser face à toute forme de critique

Image symbolisant des journalistes
Les militaires semblent vouloir museler certaines voix critiquesImage : Frank May/picture alliance

Le régime militaire au pouvoir au Niger a annoncé jeudi soir (31.08) la suspension de toutes les activités des ONG et agences onusiennes dans les zones d'opérations militaires, officiellement en raison de la "situation sécuritaire". 

Les Nations unies ont pour leur part annoncé son intention de prendre contact avec la junte après l’annonce de cette suspension. L'Onu a expliqué vouloir "mieux comprendre ce que cela signifie et quelles sont les conséquences pour l'activité humanitaire". 

Ce durcissement de la junte se manifeste aussi en direction des médias. Le procureur général, Maazou Oumarou, a ainsi mis en garde, la semaine dernière, les personnes qui propagent ou relaient de fausses informations, dans un contexte où les militaires au pouvoir semblent se radicaliser face à toute forme de critique. Les journalistes nigériens évoquent des pressions et des intimidations quotidiennes. 

Des menaces lors des manifestations 

La Maison de la presse a réagi, disant s’inquiéter de l’exacerbation des pressions qui pèsent sur les professionnels qui ne peuvent réaliser, en toute liberté, des reportages sur l’actualité politique nationale et ceci, en violation des textes garantissant la liberté de la presse et la liberté d’expression au Niger.

 

Ecoutez le reportage à Niamey...

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Souleymane Brah, secrétaire général à la communication de la Maison de la presse, rappelle ainsi plusieurs incidents au cours desquels des journalistes nigériens et étrangers ont été pris pour cible dans des manifestations, ou ont été victimes d’intimidations et de menaces. 

"Des cas de violations ont été enregistrés au niveau de la Maison de la presse au lendemain déjà du coup d’Etat", explique Souleymane Brah. "Lors de la manifestation au siège du PNDS Tarayya (Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, ndlr), un cameraman du groupe de presse Bonferey a été tabassé, une journaliste du groupe Anfani a été aussi menacée, un véhicule de la radio Alternative a été pris à partie, le directeur de publication du journal le Sens de l’histoire a été aussi menacé. Il y a des confrères français qui ont été menacés lors du recrutement des volontaires pour la défense de la patrie et ils ont même été pris à partie par des manifestants."

Climat de confusion 

Des proches du président Mohamed Bazoum, renversé par les militaires le 26 juillet dernier, qui se trouvent à l’étranger, utilisent par ailleurs les réseaux sociaux pour diffuser des appels à la violence ethnique ou régionaliste. 

Leur but reste incertain, peut-être souhaitent-ils créer une confusion dans le pays afin de nuire à la junte et encourager la Cédéao à intervenir militairement. 

Des journalistes ont été pris à partie pendant des manifestations favorables aux putchistesImage : Stringer/Reuters

Le vice-président de l‘Association nigérienne des web activistes, Ibrahim Awal, demande aux nouvelles autorités de réprimer les auteurs de ces messages. 

Pour lui, "il est important que les autorités prennent leurs responsabilités pour interpeller les personnes qui distillent ce genre d’information, surtout dans le contexte actuel. Nous interpelons les auteurs de ces agissements parce qu’il existe une législation qui réprime ce genre d’actes. Ils doivent cesser et mettre en avant le pays parce que c’est un bien commun, on ne peut rien gagner dans la discorde et la haine. Il est important que les gens s’unissent pour faire face aux défis du moment." 

France Médias Monde censuré

Plusieurs dizaines d’organisations et des responsables de médias africains ont lancé un appel aux militaires qui ont pris le pouvoir au Niger pour demander le respect de la liberté de la presse.  

Une initiative lancée par Reporters sans frontières a rassemblé près d’une centaine de signataires, dont de nombreux patrons de médias d’Afrique francophone. 

Malgré ces interpellations, des journalistes continus d’être violentés. C’est le cas du journaliste de France 2, agressé violemment par un membre du Conseil national de la sauvegarde de la patrie lors du rassemblement organisé, le 26 août, au stade général Seini Kountche de Niamey, en soutien aux militaires au pouvoir. 

Depuis le 3 août dernier, la diffusion des programmes de Radio France Internationale et France 24 est par ailleurs interrompue au Niger.

Maimouna Amadou Correspondante DW à Niamey
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