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La justice russe dissout l’emblématique ONG Memorial

Marco Wolter | Avec agences
28 décembre 2021

C’est le coup de grâce d’une année particulièrement amère pour la liberté d’expression en Russie et les opposants au président Poutine.

Russland Proteste vor Gebäude des Obersten Gerichtshofs in Moskau
Image : Gavriil Grigorov/TASS/dpa/picture alliance

L'année 2021 avait commencé par l’incarcération d’Alexeï Navanly, l’opposant numéro un du Kremlin. Elle se termine par la dissolution de l’ONG Memorial, accusée d’être au service de l’étranger, de "créer une image mensongère de l’URSS", de "salir la mémoire de la seconde guerre mondiale".

Mais Memorial représente avant tout le contraire des idées de Vladimir Poutine. Si le président russe glorifie le passé soviétique, Memorial a été l’organisation symbole de la démocratisation après la fin de l’URSS. 

En mémoire des victimes du Goulag

L’ONG a été créé en 1989 par des dissidents soviétiques, entre autres par le prix Nobel de la paix Andreï Sakharov, pour faire la lumière sur les millions de victimes du Goulag et de la dictature stalinienne. 

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Cette quête de vérité s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui, l’ONG documentant la répression du pouvoir russe contemporain. Memorial s’était faite connaître à l’international par son travail rigoureux sur le terrain en Tchétchénie, lors des conflits dans les années 90 et 2000, pour dénoncer les exactions des soldats russes. A cette époque, la responsable de l’ONG en Tchétchénie avait payé son engagement d’une balle dans la tête. 

Bête noire de Wagner

L’ONG est au fil du temps aussi devenue la bête noire du groupe paramilitaire russe Wagner, proche du Kremlin, et dont la présence a été documentée en Syrie, en Libye ou encore en Centrafrique, et dont la présence au Mali est désormais dénoncée par les pays occidentaux.

Wagner est régulièrement accusé de commettre des exactions, des viols et des tortures dans des zones en conflit.

Memorial a ainsi fait partie en mars dernier de trois ONG à avoir déposé une plainte à Moscou contre des miliciens de Wagner pour de possibles crimes de guerre en Syrie. 

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"Liquider Mémorial International renvoie la Russie à son passé et accroît le danger de nouvelles répressions", a dénoncé l’avocat de l’ONG lors du procès. Avant que le verdict d’aujourd’hui ne tombe, Memorial avait assuré vouloir continuer son travail, même en cas d’interdiction.