On peut se demander s'il s'agissait vraiment d'un duel: quelques piques mises à part, l'ambiance était plutôt au consensus, voire même à l'harmonie. Les candidats étaient très souvent d'accord, notamment sur le thème de la migration qui a largement dominé le débat. Certes, Martin Schulz a tenté d'attaquer sa rivale. ​​Il a reproché à la chancelière d'avoir maintenues ouvertes les frontières en 2015 sans avoir obtenu auparavant l'aval de ses voisins européens. Mais au final, ils souhaitent tous les deux continuer à intégrer les réfugiés tout en combattant les causes de la migration.

Tous deux rejettent également la retraite à 70 ans. On le savait déjà pour Martin Schulz. Angela Merkel l'a annoncé hier soir, ce qui lui a valu un "à la bonne heure" en français dans le texte, de la part de son rival.

Il faut préciser qu'ils gouvernent ensemble depuis 4 ans, ce qui explique aussi sans doute ce respect mutuel.

Il y a eu toutefois un moment fort: quand le candidat social-démocrate a demandé un arrêt immédiat des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne. Là, on peut dire qu'il a pris la chancelière au dépourvu. Mais très vite, elle a approuvé elle aussi cette initiative.

Qui est sorti vainqueur du duel?

À trois semaines des élections législatives, le social-démocrate Martin Schulz avait annoncé vouloir tout faire pour remonter dans les sondages, qui donnent 38% des voix à la CDU de la chancelière et 24% au SPD. Et le camp social-démocrate a publié un communiqué de presse pour dire que Martin Schulz était le grand gagnant. Sauf que ce communiqué est sorti avant le débat, ce qui a valu quelques critiques au SPD. Sinon, d'après un sondage réalisé par l'ARD, la première chaîne de télé allemande qui a interrogé les téléspectateurs après le débat, c'est Angela Merkel qui l'emporte avec 55% des voix contre 35. Et c'est une première puisque la chancelière n'est d'ordinaire pas à l'aise dans cet exercice.

Les réactions de la classe politique allemande

Juste après le duel, les Verts, le parti de gauche die Linke ainsi que les libéraux du FDP ont regretté via Twitter que des thèmes primordiaux comme le changement climatique ou encore l'éducation n'aient pas du tout été abordés au cours des 97 minutes.

Katrin Göring-Eckardt des Verts a reproché à Martin Schulz de ne pas avoir fait preuve de volonté de changement dans les domaines de l'écologie et de la politique sociale. Quant à Christian Lindner, le candidat du parti libéral FDP, il a déploré que le duel ait été un retour sur le passé et non un débat sur l'avenir du pays.