Meta supprime le fact-checking sur ses plateformes
8 janvier 2025Pour Donald Trump et son allié Elon Musk, le fact-checking rime avec une censure de la parole des électeurs républicains sur les réseaux sociaux. Même si ces paroles peuvent répandre des idées racistes, hostiles aux personnes transgenres ou menaçants pour les opposants politiques.
Voilà donc que hier le patron de Meta, qui réunit Facebook, Instagram et Whatsapp, annonce la suppression de son équipe de fact-checking. Mark Zuckerberg explique que la vérification de l'information équivaut à de la censure.
Il est loin le temps, où Donald Trump, accusé de répandre des fausses informations, se faisait exclure de Twitter, de Facebook, de Snapchat. Lorsque Google et Amazon refusaient d'héberger des conversations menaçantes et violentes de partisans du républicain.
Le vent a tourné, et la big tech suit le mouvement. Le tandem Donald Trump et Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, qui va jouer un rôle de conseiller à la Maison Blanche, sont contre toute régulation. Et voilà que Mark Zuckerberg, Sam Altman de OpenAI, ou encore Jeff Bezos d'Amazon ont tous versé un don d'un million de dollars pour la cérémonie d'investiture de Donald Trump le 20 janvier.
La censure n'est pas une réalité
L'annonce de Meta sur le fact-checking "montre comment ces acteurs évaluent réellement ce qui va se passer dans l'avenir, qu'il n'y a en fait plus de résistance de la Big Tech à Trump", explique Martin Andree, chercheur spécialisé dans les médias, lors d'une interview chez nos confrères du Deutschlandfunk.
Meta laisse désormais aux utilisateurs le soin de signaler des fausses informations. Jusque-là Facebook, Whatsapp et Instagram rémunéraient plus de 80 médias à travers le monde pour utiliser leurs "fact-checks" sur leur plateforme.
Mark Zuckerberg reprend à son compte la théorie de la censure prônée par Donald Trump, laquelle selon Martin Andree est tout simplement inventée, puisque le rôle des fact-checkeurs est de sensibiliser au caractère trompeur d'une publication.
Selon lui, "le terme de censure est un cri de guerre idéologique, explique le chercheur. Un cri qui est censé faire peur aux gens et qui, bien sûr, est aussi censé délégitimer les médias d'information".
L'Union européenne temporise sa réponse
En Europe, pour se protéger au mieux de cette dérégulation totale, Martin Andree plaide pour que les réseaux soient pénalement responsables des contenus qu'ils monétisent : "La vérification a posteriori n'est pas optimale, car la plupart du temps, le mal a déjà été fait, même si une fausse information est supprimée ensuite. Les plateformes sont déresponsabilisées, alors que c'est précisément avec ce contenu qu'elles gagnent leur argent".
Pour le moment, Bruxelles est resté bien silencieux à cette annonce de Meta, là où Bruxelles n'hésite à s'en prendre très ouvertement ces derniers temps au réseau d'origine chinoise TikTok. Peut-être est-ce la volonté, estiment nombre d'analystes, de ne pas davantage fâcher un Donald Trump déjà très hostile aux Européens.