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Migrants en Libye: mort par noyade ou retour vers l'enfer

Jürgen Stryjak | Julia van Leuven
28 juin 2018

Alors que les dirigeants européens peinent à s'accorder sur la politique migratoire de l'UE, en Libye, le calvaire des migrants continue.

Libyen Flüchtlinge
Image : picture-alliance/dpa

Les garde-côtes libyens, soutenus financièrement par l'Union européenne, recueillent de plus en plus de réfugiés en mer Méditerranée.

Lorsqu'ils interceptent des embarcations, en détresse ou non, ils prennent en charge les migrants et les reconduisent en Libye où ceux-ci sont placés dans des camps.

Certains ont la chance d'être rapatriés d'autres sont abusés par les trafiquants et les passeurs qui bénéficient de complicités.

Image : picture-alliance/Xinhua/H. Turkia

Des hommes, des femmes, des enfants épuisés

Des réfugiés attendent par centaines sur le quai  d'une base navale à Tripoli. Des hommes, des femmes et des enfants. La plupart ont l'air épuisé, certains s'entourent de couvertures de survie. Un bateau des garde-côtes libyens vient de les recueillir en Méditerranée.

"Quand nous avons pris la mer, tout allait bien", raconte Chris Kalou du Nigeria. "Mais après que nous soyons parvenu en haute mer, nous avons constaté que notre bateau avait une fuite, et le drame a commencé. Les gens ont commencé à pousser et crier".

Les passagers de cette embarcation ont été sauvés par les garde-côtes libyens qui, de plus en plus, appréhendent des réfugiés en Méditerranée et les raccompagnent sur la terre ferme. Au cours des dix derniers jours, plus de 2000 réfugiés ont ainsi été recueillis en mer.

Image : Reuters/L.Gnago

Des tortures, des exécutions sommaires

Parmi eux : Samuel Baiti, un Camerounais. Pendant quatre heures, son bateau a suivi un navire  italien qui a refusé d'accueillir les réfugiés à son bord.

"Après que notre carburant s'est amenuisé, le garde-côtes libyen nous ont sauvés", explique-t-il.

Mais à vrai dire, Samuel Baiti voulait absolument quitter la Libye. "Les autres migrants doivent éviter cette route", dit-il.

William Spindler, du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), décrit l'enfer vécu par les réfugiés en Lybie, évoquant un événement qui s'est déroulé il y a un mois, à environ 180 kilomètres de la capitale.

"Des trafiquants ont abattu plus d'une douzaine de réfugiés quand 200 migrants d'Erythrée, d'Ethiopie et de Somalie ont essayé de s'enfuir. Les rescapés ont raconté qu'ils étaient torturés et abusés, certains d'entre eux pendant trois ans."

 Fuir aussi l'enfer libyen

Les migrants essaient de rejoindre l'Europe à bord de bateaux gonflables et d'embarcations en bois. Personne n'embarque sur un bateau de ce type s'il ne cherche pas désespérément à fuir la misère de son pays d'origine - mais aussi l'enfer libyen.

Ceux qui sont appréhendés par les garde-côtes sont placés dans des camps d'internement. Selon les militants des droits de l'Homme, les conditions de vie dans ces camps sont inhumaines.

Image : picture-alliance/dpa/Pacific Press via ZUMA Wire/M. Amoruso

Depuis novembre 2017, 15.000 migrants vivant dans ces camps ont été rapatriés dans leur pays. L'ONG "Médecins sans frontières" doute que ce service rendu à l'Europe reste gratuit.

De la même manière, l'Organisation arabe des droits de l'Homme à Tripoli dénonce la présence de fonctionnaires qui, dans ces camps, abusent de la fragilité des réfugiés pour leur soutirer de l'argent en échange de la promesse d'un passage vers l'Europe.

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