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Migration : l'Europe reste dans l'impasse

8 juillet 2019

Un bateau sauve des migrants en détresse dont personne ne veut s'occuper. C'est l'impensable quotidien de l'Europe.

Seenotrettung im Mittelmeer - "Alan Kurdi"
Image : picture-alliance/dpa/Sea-Eye/F. Heinz

Un bateau pneumatique. A bord, une soixantaine de migrants. Ils fixent la caméra du photographe alors qu'ils viennent d'être sauvés par le navire d'une ONG allemande. Ils devront encore attendre trois jours avant de recevoir l'autorisation de débarquer sur l'île de Malte.

Cette photo est en Une de la Tageszeitung. Le titre qui l'accompagne est plein de résignation : "Voilà le quotidien en Europe".

L'arrestation médiatisée de Carola Rackete, la capitaine du navire de l'ONG Sea Watch, a relancé le débat, constate le journal, alors que les ports en Italie et Malte refusent d'accueillir les migrants.

"Et voilà que des voix s'élèvent pour dire qu'il y a des alternatives" aux ports bloqués en Italie et à Malte, comme celle de renvoyer les personnes sauvées en Libye ou un autre point de départ.

"Mais c'est une "absurdité inhumaine", commente la Taz. Car faut-il le rappeler, la Libye est depuis des années en guerre civile.

65 personnes ont été sauvées par le navire Alan Kurdi de l'ONG allemande Sea-EyeImage : picture-alliance/dpa/Sea-Eye/F. Heinz

La popularité de Salvini

Pour la Süddeutsche Zeitung, l'Europe a "chargé un pays détruit – la Libye – de tenir les réfugiés à distance" et ne trouve pas de réponse à la crise. Le journal questionne aussi  l'attitude de Matteo Salvini, le ministre italien de l'Intérieur, qui salit l'image de toute l'Union européenne.

La Süddeutsche se demande pourquoi la méthode Salvini convainc autant les italiens "alors qu'il ne résout aucun problème." La popularité de Salvini "vit de son image de loup solitaire qui agit". Selon un sondage cité par l'article, 59% des Italiens interrogés approuvent la posture du ministre vis-à-vis des réfugiés.

Cette image du "seul contre tous" fonctionne d'autant plus, que "les Italiens ont l'impression de façon unanime et justifiée que leur pays a été laissé seul ces dernières années face au flux migratoire qui traverse la Méditerranée."

Et voilà que l'Europe se retrouve coincée dans un dilemme, selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung. "Sauver un naufragé n'est pas qu'un acte d'humanité, mais une obligation légale.

Mais que faire quand des migrants se retrouvent intentionnellement en détresse où sont placés dans cette situation de façon préméditée, demande le quotidien ? Les passeurs jouent à un sale jeu avec les intuitions morales d'une grande partie de la population européenne."

Des troupes allemandes pour combattre en Syrie ?

Un autre dilemme également commenté par les jorunaux allemands ce lundi est celui de l'engagement des Européens dans la guerre en Syrie. Trump veut que l'Allemagne envoie des troupes au sol. Cette demande a été suivi d'une fin de non-recevoir à Berlin.

Et pourtant, selon die Welt, "il est quasiment injustifiable que les Allemands, qui sont la première puissance en Europe, ne jouent toujours que les partenaires militaires junior."

Pour le journal, la demande américaine est justifiée, même si le terme de "troupes au sol" fait hérisser le poil des Allemands. Mais "il n'y a pas de doute que les intérêts de l'Europe en Syrie sont davantage touchés que ceux des Etats-Unis car finalement, l'autre côté de la Méditerranée fait partie de notre voisinage."

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