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Médias

Mobilisation contre les fausses nouvelles en Centrafrique

Paul Lorgerie
19 juillet 2018

Les blogueurs centrafricains se mobilisent contre les fausses nouvelles, les fakes news, qui pullulent sur Internet. Ils veulent éviter que celles-ci ne se diffusent et enveniment certaines situations.

DW Explainer "Fake News" Trolle 2

Ils ont lancé leur opération le 30 mai. Mobilisation contre les fausses nouvelles, plus souvent appellés Fake News. L'association des blogueurs centrafricains a même un hashtag sur les réseaux sociaux, un mot clé : #StopFakeNewsRCA. Les blogueurs veulent en fait laver l'image terne du pays en vérifiant les informations douteuses sources de tensions entre les différentes communautés . Il y également la volonté d'insuffler une nouvelle dynamique dans le monde médiatique centrafricain en sensibilisant la population.

Un véritable défi. Car les mauvais exemples ne sont pas rares : diffusion d'images empruntées à un autre conflit pour illustrer des violences à Bangui, publication de caricatures et de messages présentant les habitants du quartier du PK5 comme dangereux. En République centrafricaine, les fausses informations vont bon train. Et ce notamment depuis les évènements du 1er mai qui ont entrainé la mort d'un prêtre et de 26 personnes.

Éviter des situations graves

"Nous avons remarqué que, non seulement à partir de l'attaque de Fatima, mais aussi à partir d'autres événements qu'il y a eu des rumeurs, des messages de haine qui circulent sur les réseaux sociaux", explique Rosmon Zokoué, le président de l'association. "Comme nous sommes une association qui travaille sur le web, nous avons décidé de lutter contre ces fake news sur les réseaux sociaux."

L'association veut éviter que les fausses nouvelles ne créent des tensions dans la population.Image : Getty Images/AFP/P. Pabandji

Car pour Rosmon Zokoué et les 84 membres de l'association des bloggeurs centrafricains, les messages véhiculant de fausses informations dans les médias et plus particulièrement sur Facebook sont l'un des vecteurs capables d'envenimer la situation. "Pour nous les fake news sont comme l'huile que quelqu'un mettrait sur le feu. C'est comme le couteau que l'on enfoncerait dans la plaie", explique le président. "Elle sont donc généralement vecteur de violences puisque lorsqu'une fausse information circule, il y aura des réactions de la part de la population, il y aura même des représailles ou il y aura même un sentiment de méfiance qui se crée chez l'individu."

Nouvel arsenal législatif

Catégoriser l'information, la vérifier et la recadrer, là est la mission que se sont donnée les bloggeurs. Loin d'être une police du web, ils souhaitent sensibiliser la population à travers leur hashtag et des campagnes d'éducation aux médias. Une initiative saluée par ministre de la Communication. "Une rumeur peut créer une perception immédiate, et et je crois qu'il faut combattre ça", estime Ange-Maxime Kazagui. "Il y a ici une opportunité. Car justement, l'initiative n'est pas de nous, le gouvernement, le ministère, mais par d'autres entités, qui seront autant, si ce n'est plus écouté que nous. Ce sera un message perçu non pas comme celui du dirigeant qui souhaite installer un silence ou museler la presse ou les réseaux sociaux." 

Image : picture-alliance/AP Photo/T. Camus

Selon le ministre, les textes sur la régulation de la presse sont en cours de révision par le Haut conseil de la communication en collaboration avec différents organes dont l'ABCA. Tout en souhaitant préserver la liberté d'expression, le ministre met en garde ceux qui diffuseraient de fausses informations et souhaite donner au Haut conseil des outils coercitifs pour prémunir contre ces fake news.