1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Mobilisation en Israël contre les expulsions de migrants

Hélène Machline
7 février 2018

Alors que le gouvernement vient d'ordonner à 40 000 migrants de quitter le pays, la population se mobilise. Une grande manifestation est même prévue ce jeudi à Jérusalem.

Israel Asylsuchende
Image : picture-alliance/Keystone/O. Weiken

Les citoyens Israéliens se mobilisent en masse contre le programme d'expulsion de 40.000 demandeurs d'asile du Soudan et d'Erythrée, prévu par Benjamin Netanyahou pour avril 2018. Une grande manifestation est prévue ce jeudi à Jérusalem. Mais ce n'est pas tout. La "campagne Anne Franck", c'est ainsi qu'elle est surnomée par la presse israélienne, bat son plein. Des centaines d'Israéliens, se sont portés volontaires pour cacher chez eux les demandeurs d'asile africains menacés d'expulsion. Le gouvernement leur a normalement donné jusqu'à fin mars pour quitter l'Etat hébreu. 

Mobilisation dans les avions

Des migrants manifestaient déjà en Israël le 17 janvier dernier contre le plan d'expulsion israélien.Image : picture-alliance/dpa/I. Yefimovich

Les pilotes de ligne de la compagnie israélienne El Al ont aussi annoncé sur les réseaux sociaux qu'ils refuseraient de piloter les avions chargés de transporter les réfugiés. Pour ces Israéliens révoltés contre la décision de leur gouvernement, accueillir des réfugiés qui recherchent un asile, à l'image des juifs durant la Seconde Guerre mondiale, est avant tout un devoir moral et religieux.

Nava Hefetz, femme Rabbin, membre de l'ONG des Rabbins pour les droits de l'homme est une des initiatrices de la campagne "Anne Franck". "Aujourd'hui, une grande partie des demandeurs d'asile se trouvent au Sud de Tel-Aviv", explique-t-elle. "Avant qu'ils reçoivent l'ordre d'expulsion du ministère de l'Immigration, on va trouver des familles israéliennes où on les placer, où on peut disperser ces demandeurs d'asile dans tout le pays". Cela va, selon elle, "faire un bruit terrible", puisque des familles israéliennes risquent d'être emprisonnées parce qu'elles ont transgressé la loi. "Pour l'instant, on a 300 familles qui sont prêtes à prendre le risque, en disant : Nous on est un peuple de réfugiés, on a été réfugiés pendant toute notre histoire. Donc ce n'est pas possible de faire exactement ce que les nations ont fait vis-à-vis des juifs", insiste-t-elle.

Peur de la Lybie

Image : DW/Karlos Zurutuza

Ces réfugiés devront bientôt choisir entre une peine de prison indéterminée en Israël et un départ vers le Rwanda ou l'Ouganda. Un véritable leurre selon Berhane Negassi, Erythréen, réfugié en Israël depuis bientôt 12 ans.

"Il n'y a aucun accord avec l'Ouganda et le Rwanda. On connait des gens qui ont été expulsé d'Israël vers le Rwanda et l'Ouganda et de là-bas ils ont été envoyés en Lybie. En Lybie, certains ont été tués, certains vendus comme esclaves, certains se sont noyés dans la mer en essayant d'atteindre des pays qui leur donnerait l'asile et une partie a réussi à atteindre l'Europe."

Depuis une dizaine d'année, l'afflux massif de demandeurs d'asile subsahariens vers Israël a suscité une mobilisation citoyenne exceptionnelle pour assister ces réfugiés, perçus comme des survivants de génocides. Le gouvernement quant à lui ne dispose toujours pas de politique d'asile.