Mohammed ben Salmane, le prince redevenu fréquentable
28 juillet 2022C'est ce crime l'avait relégué au rang de paria sur la scène internationale. Mais la crise des matières premières a rendu Mohammed ben Salmane à nouveau fréquentable.
Le 15 juillet dernier, c’est le président américain Joe Biden, en visite en Arabie saoudite, qui rencontrait le prince héritier. Au grand dam de plusieurs ONG de défense des droits humains.
Joe Biden avait en effet promis lors de sa campagne présidentielle en 2020 de réduire la monarchie saoudienne au rang de "paria", à la suite du meurtre de Jamal Khashoggi. Les services de renseignement américains avaient clairement pointé la responsabilité de Mohammed ben Salmane dans cet assassinat ce qui avait envenimé les relations entre Ryad et Washington.
Mais, le président américain a désormais d'autres priorités. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a provoqué une forte hausse des prix de l'énergie partout dans le monde. L'inflation gagne de nombreux pays. Et les États-Unis comme d'autres pays occidentaux cherchent désormais à convaincre l'Arabie saoudite, premier exportateur de brut, d'ouvrir les vannes, de soulager les marchés et de limiter cette inflation.
Salmane réhabilité
C'est ainsi que Mohammed ben Salmane semble réhabilité par les Etats-Unis. Réhabilité aussi par la Grèce où le prince saoudien était en visite mardi dernier (26.07).
Accompagné de plusieurs ministres, il s'est entretenu avec le Premier ministre grec, avant de signer des accords dans plusieurs domaines notamment les transports maritimes et l'énergie. A sa grande satisfaction :
"Je crois que nous avons également des opportunités historiques en reliant le réseau d'électricité que nous pouvons fournir à la Grèce et à l'Europe du Sud-Ouest à travers la Grèce avec l'énergie renouvelable beaucoup moins chère. Nous travaillons également sur l'hydrogène et sur la manière de faire de la Grèce une plaque tournante de l'hydrogène en Europe. C'est un changement de donne pour nous deux."
"Il n'est qu'un tueur"
Mohammed Ben Salmane a aussi normalisé ses relations avec la Turquie où le journaliste Khashoggi a été assassiné. Il s'est déjà rendu à Istanbul et a aussi reçu le président turc en juin dernier.
Des visites et changement de politique que déplorent les militants des droits humains. La visite de Mohammed ben Salmane en France et de Joe Biden en Arabie saoudite ne "changent rien au fait que MBS n'est autre qu'un tueur", déplore Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International.