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Mort de Denis Goldberg, ancien militant anti-apartheid

Fréjus Quenum | Daniel Pelz
30 avril 2020

Cet ancien compagnon de lutte de Nelson Mandela s'était montré courageux dans le combat anti-apartheid. Il s'est aussi illustré dans la lutte contre la corruption en Afrique du Sud.

Denis Goldberg était une des figures de la lutte anti-apartheid
Denis Goldberg était une des figures de la lutte anti-apartheidImage : picture-alliance/empics/N. Ansell

Abandonner la lutte n'était pas pour lui une option qui compte. Durant toute sa vie, Denis Goldberg a combattu tout ennemi qui se retrouvait sur son chemin : que ce soit le régime raciste de l'apartheid, l'avidité du pouvoir et la corruption en Afrique du Sud ou le cancer.

C'est depuis son enfance que ses parents lui ont appris que tous les hommes étaient égaux. Cela était pourtant inconcevable durant la période de l'apartheid. Mais la famille juive Goldberg a elle-même vécu ce qu'est la séparation raciale. Elle partira de la Lituanie pour se réfugier du pogrom antisémite.

Denis Goldberg a été condamné dans le cadre du célèbre procès dit de RivonaImage : Getty Images/AFP

Le communisme en héritage

Les parents de Denis Goldberg étaient des communistes, ce qu'il deviendra aussi dès son jeune âge.

Pendant son cursus à l'université du Cap, il s'est résolument engagé dans la lutte anti-apartheid. "J'étais toujours convaincu que ce que nous avons fait était ce qu'il fallait faire et que cela poursuivait un objectif digne : garantir les mêmes droits pour tous dans notre pays, pour d'autres pays, pour tous les hommes. C'est l'unique façon d'être un humain et de le rester", disait-il en 2013 dans une interview accordée à la Deutsche Welle.

Son combat contre le régime de l'apartheid était pacifique. Mais cela lui coûtera quatre mois de prison. Comme de nombreux autres jeunes militants anti-apartheid, il comprend alors que la méthode pacifique de lutte ne suffisait pas.

Nelson Mandela et Denis Goldberg en février 2010 au Cap en Afrique du SudImage : picture-alliance/dpa/EPA/GCIS

La rencontre avec Nelson Mandela

Nelson Mandela l'associe à sa campagne "lance brûlante" en 1961. C'était le bras armé du Congrès National Africain (ANC). "Denis, tu as reçu une formation technique. Tu sais comment construire des ponts et comment les faire sauter. Voudrais-tu venir avec nous ?" lui aurait lancé Nelson Mandela, selon les propres témoignages de Denis Goldberg dans une autre interview à la Deutsche Welle en février 2020.

Il a bien évidemment répondu favorablement à cet appel.

Les yeux de Denis Goldberg scintillent encore des décennies plus tard, lorsqu'il raconte cette histoire. "Étions-nous prêts à abandonner ? Non. Dans le manifeste de Umkhonto we Sizwe (lance brûlante) il est écrit qu'il y a des moments de la vie où l'on a que deux possibilités. Soit on choisit de passer sa vie à genoux, soit on se lève pour combattre. La décision prise était donc de se lever et combattre", expliquait encore Denis Goldberg en 2013.

Denis Goldberg lors du Global Media Forum en 2012Image : DW/K. Danetzki

Plus de 20 ans en prison

Pour de nombreux Noirs, ils étaient des héros. Mais pour les Blancs, des terroristes. Les services de sécurité de tout le pays les ont traqués. En 1964, les leaders du mouvement autour de Mandela ont été condamnés par quatre fois à la perpétuité. Denis Goldberg était le seul Blanc parmi eux. Ironie du sort, il ne sera pas envoyé pour purger sa peine de prison à Robben Island mais dans un centre de détention pour Blancs, à Pretoria.

Il a passé 20 ans dans cette prison, la plupart du temps seul dans une petite cellule. Sa femme Esme, également une communiste convaincue, devait partir en exil en Grande Bretagne avec leurs enfants.

Denis Goldberg ne les reverra qu'après sa libération en 1985. Mais la prison restait en lui, durant tout le reste de sa vie.

"Des fois je me réveille la nuit et je me demande où je suis : suis-je en prison ou est-ce juste une hallucination ? 22 ans, c'est long", confiait-il à DW.

L'ex-président sudafricain Jacob Zuma a été emporté par plusieurs scandales de corruptionImage : Getty Images/AFP

Lutte contre la corruption

C'est seulement en 2002 qu'il retourne dans son pays, l'Afrique du Sud. Comme certains autres vétérans de la lutte anti-apartheid, il a travaillé pour le pouvoir sudafricain. Mais il était remonté contre la mauvaise gouvernance et la corruption.

Il a reçu des distinctions honorifiques. Il a passé le reste de sa vie en écrivant des livres et a créé une organisation humanitaire.

Denis Goldberg est mort à l'âge de 87 ans.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a salué son "engagement déterminé en faveur d'un leadership éthique", qualifiant son décès de "moment triste pour la nation".

S'exprimant à travers un communiqué, l'ex-archevêque du Cap et prix Nobel de la paix Desmond Tutu salue Denis Goldberg pour "ses valeurs humaines pragmatiques et sa compassion naturelle" qui dit-il, "brillaient comme une chandelle".