A Gaza, le risque de mourir lors des distributions d'aide
22 juillet 2025
Cette accusation est formulée par les Nations unies ce mardi (22.07). Les points de distribution d'aide humanitaire sont essentiellement gérés par la Fondation humanitaire de Gaza, la GHF, une agence privée soutenue par les Etats-Unis et Israël, mais contestée par l'Onu et certaines ONG, qui y voient une organisation qui servirait les objectifs militaires israéliens et géré par Israël, partie au conflit.
Trois sur quatre points de distribution se trouvent dans le sud de l'enclave. L'autre se trouve dans le centre. Pour s'y rendre, les Gazaouis doivent traverser des zones militarisées. Cette répartition de l'aide participe aussi au déplacement des populations, alors que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré, en mai, vouloir "prendre le contrôle de tout le territoire de la bande".
D'après le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'Onu (Ocha), près de 88 % du territoire de Gaza est désormais "soumis à des ordres d'évacuation ou intégré à des zones militarisées, ne laissant que 12 % du territoire pour accueillir 2,1 millions de civils, dans un espace morcelé où les services essentiels sont à l'agonie".
Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, avait dénoncé, fin juin, les distributions d'aide de la GHF comme étant une "opération dangereuse et meurtrière", car "forcer des civils désespérés à se rendre dans des zones militarisées est par essence dangereux. Cela tue".
Pour l'UE, tuer des civils est "indéfendable"
Sur les 1.054 civils tués recensées par les Nations unies depuis fin mai, deux tiers des victimes sont morts près des sites de la GHF, où les distributions donnent lieu à des scènes chaotiques. Les autres sont morts près de convois de l'Onu ou d'autres organisations.
Ce bilan se base sur des "informations provenant de multiples sources fiables sur le terrain, notamment des équipes médicales et des organisations humanitaires et de défense des droits humains".
L'Union européenne a également réagi. Tuer des civils qui cherchent de l'aide à Gaza "est indéfendable", ajoute Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne. L'UE maintiendrait la pression sur Israël, pour parvenir à acheminement d'aide humanitaire capable de répondre aux besoins réels de la population palestinienne.
Risque de famine
Car la nourriture distribuée par la GHF est largement insuffisante. La fondation avait commencé ses opérations après la levée du blocus imposé par Israël. Pendant plus de deux mois, aucune aide n'avait pu entrer dans l'enclave palestinienne, malgré le risque de famine pointé par l'Onu.
La faim est depuis longtemps devenue le nerf de cette guerre. Ce mardi, le directeur de l'hôpital Al-Shifa à Gaza, qui fut le plus grand et le plus important hôpital central de Gaza, avant d'être assiégé et détruit, affirme que 21 enfants sont morts de malnutrition ou de faim dans différents établissements de santé, à travers le territoire palestinien.
Le chef de l'Onu, Antonio Guterres, a fustigé ce mardi "l'horreur" dans la bande de Gaza, où les morts et les destructions ont atteint un niveau "sans équivalent dans l'histoire récente".