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Ngaïssona et Yekatom plaident non coupable devant la CPI

16 février 2021

Patrice-Edouard Ngaïssona et Alfred Yekatom sont jugés par la CPI pour des crimes commis en Centrafrique lors de la guerre civile entre 2013 et 2014. 

Niederland Internationaler Strafgerichtshof Alfred Yekatom und  Patrice-Edouard Ngaïssona
Image : Piroschka van de Wouw/Koen Van Well/AP Photo/picture alliance

Détenus à La Haye, depuis janvier 2019 pour Ngaïssona et novembre 2018 pour  Yekatom, ils sont accusés de meurtres, viols, tortures, transferts forcés de population et persécutions. L’ouverture de ce procès était très attendue depuis que la CPI avait déterminé en décembre 2019 qu'il existait suffisamment de preuves à l'encontre des deux anciens chefs de milices anti-balaka. 

"Non coupable"

Veste sombre, cravate rouge, masque sur le visage – pandémie de coronavirus oblige – Alfred Yekatom était bien présent dans la salle d’audience tout comme son coaccusé, Patrice-Edouard Ngaïssona. Les deux hommes sont restés attentifs à la lecture des charges retenues contre eux et ont tous les deux plaidé non coupables.

"Monsieur Yekatom, j'espère que vous comprenez la nature des charges retenues contre vous ?" 
"Oui, j'ai compris tout ce qui a été dit ici et je dis catégoriquement que ces chefs d'accusation ne sont pas corrects. Je rejette toutes les accusations que vous avez portées contre moi", répond l'accusé.

Alfred Yekatom devant la CPI en 2018Image : Piroschka van de Wouw/AP Photo/picture alliance

Quand on pose la question à Patrice-Edouard Ngaïssona, la réponse est la même.

"Monsieur le président ... je ne me reconnais pas dans les charges retenues contre moi. Je suis non coupable."

Ancien président de la Fédération centrafricaine de football et ex-membre du comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice-Edouard Ngaïssona, 53 ans, aurait été selon la CPI "le plus haut dirigeant" des anti-balaka. 

Il a été arrêté en France en décembre 2018 avant d'être transféré à La Haye.

Alfred Yekatom âgé de 46 ans a quant à lui été le premier suspect à être remis à la Cour dans le cadre de son enquête sur la Centrafrique, ouverte en 2014. Il aurait commandé un groupe d'environ 3.000 combattants anti-balaka, d'après la Cour. 

Patrice-Edouard Ngaïssona devant la CPI en 2019Image : Koen Van Well/AP Photo/picture alliance

Un procès pour rendre justice

Selon la CPI, aussi bien Patrice-Edouard Ngaïssona que Alfred Yekatom savaient que les milices sous leur contrôle "détruisaient des mosquées, décimaient des communautés, déportaient des musulmans, commettaient des meurtres et violaient des femmes et des enfants".

Selon Elise Keppler, directrice adjointe de la section Justice internationale chez l'ONG Human Rights Watch, ce procès "montre que même si la justice n’est pas toujours possible, c’est de temps en temps possible, surtout maintenant avec les récentes violences en RCA, il est très important de savoir qu’il n’y a pas toujours d’impunité. C’est nécessaire d’avoir la justice et que les crimes les plus graves ne sont pas acceptables".

Ce procès s’ouvre alors qu’en Centrafrique 14 groupes armés qui contrôlent deux tiers du pays ont lancé à la mi-décembre une offensive contre le régime du président  Faustin Archange Touadéra.

Patrice-Edouard Ngaïssona et Alfred Yekatom risquent jusqu'à 30 ans de prison voire la réclusion criminelle à perpétuité. Un autre suspect centrafricain, Mahamat Said Abdel Kani, chef présumé de la Séléka, a été remis à la CPI par les autorités de Bangui fin janvier. Il devra également répondre des accusations de crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

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