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EconomieNiger

Le Niger en quête de nouvelles coopérations

16 janvier 2024

Le Premier ministre nigérien est en Russie pour approfondir les liens économiques et militaires. Sa tournée l’amènera aussi en Iran, en Turquie et en Serbie.

Photo du Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine
La junte militaire au pouvoir à Niamey cherche à diversifier ses partenariats pour contourner les sévères sanctions de ses voisins ouest-africains.Image : DW

Depuis leur arrivée au pouvoir, le 26 juillet 2023, les officiers nigériens cherchent à diversifier leurs partenaires économiques. Des accords pourraient être conclus au cours de la tournée de Ali Mahamane Lamine Zeine dans le domaine de la défense, mais aussi de l’agroalimentaire, de l’énergie, des équipements de santé et du pétrole.

Le Niger, qui possède les plus importantes ressources d’uranium en Afrique et parmi les principales au monde, veut exploiter ce minerai pour combler son déficit énergétique en construisant une centrale nucléaire.

Le Niger dépend énergétiquement du Nigeria à 70 %.Image : Boureima Hama/AFP

Pour cela, le pays a besoin de la Russie. Moscou avait déjà annoncé la signature, en août 2023, d’un accord pour la construction d’une centrale nucléaire au Burkina-Faso. Un projet qui pourrait intéresser Niamey et dont discutera le Premier ministre nigérien avec les autorités russes.

Le Burkina-Faso, ne possédant aucun gisement d’uranium, devra aussi s’appuyer sur l’uranium nigérien pour faire fonctionner cette centrale, explique Ibrahim Louché, économiste nigérien.

"Grâce à l'uranium du Niger, le Burkina Faso, dans le cadre de l'alliance qui a été créée en septembre 2023, peut prétendre à l’uranium pour pouvoir concrétiser son projet. Le Niger envisageait un moment aussi de se projeter pour la construction d’une centrale nucléaire à l’horizon 2030, mais avec le changement de régime, c'est fort probable que le Niger aussi fasse appel à la technologie russe", ajoute Ibrahim Louché.

L'uranium mais pas que 

Pour l’analyste nigérien Bounty Diallo, le Niger n’a pas beaucoup de marge de manœuvre concernant l’uranium. Mais il a d’autres ressources à offrir.

"Ça m'étonnerait que le Niger vende de l'uranium à l'Iran. Le partenaire principal dans le domaine de l'uranium demeure la France. Maintenant, il est tout à fait possible que le Niger puisse offrir de l’or puisqu'on en a en quantité suffisante, donc l'or peut servir de troc avec ces pays-là."

Depuis 2014, l’or est exploité de façon artisanale et semi-mécanisée dans le nord du Niger. Image : Thierry Bresillion/AA/Picture alliance

L’uranium, l’or, mais aussi le pétrole brut, produit dans l’est du Niger, qui pourrait commencer à être exporté dès la fin de janvier à partir du port de Cotonou, au Bénin. La Turquie pourrait être un client potentiel.

Niger, pays strategique

A ces ressources minières s’ajouterait la position stratégique du Niger dans la sous-région, selon Ali Idrissa, coordonnateur au Niger de l'ONG " Publiez ce que vous payez ".

"Aujourd’hui, sur le plan géostratégique même, le Niger compte parmi les pays où les grandes puissances ont envie de se trouver pour pouvoir contrôler, ou bien surveiller les autres. Vous savez bien que le Niger regorge beaucoup de réserves naturelles en eau pour qu’on puisse se dire qu'on n'a pas seulement que de l'or, de l'uranium et du pétrole. Ça aussi, ce sont des choses qui peuvent aussi permettre au Niger de pouvoir asseoir son autosuffisance alimentaire", espère Ali Idrissa.

Des partenariats pourraient donc sortir le Niger de sa dépendance aux produits importés, notamment face aux sanctions imposées par la Cédéaoaprès le coup d’Etat militaire. Mais Ali Idrissa insiste sur le fait que le Niger devrait négocier d’égal à égal avec ses nouveaux partenaires, comme la Russie, la Turquie ou l’Iran.