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Niger : Après dix ans, quel est le bilan d'Issoufou ?

23 décembre 2020

Mahamadou Issoufou dresse un bilan satisfaisant de sa gouvernance, notamment dans les domaines de la sécurité, de la lutte contre la pauvreté et les droits de l'homme. Un avis pas partagé par tous.

Mahamadou Issoufou, président du Niger
Mahamadou Issoufou, président du NigerImage : Presidence RDC/G. Kusema

C'est une étape historique que le Niger s'apprête à franchir avec les élections du 27 décembre 2020. En effet, il s'agit ni plus ni moins dela première alternance démocratique dans la vie du pays.

Après deux mandats de cinq ans à la tête du Niger, Mahamadou Issoufou brandit une gouvernance qui a conduit le pays vers l'émergence.

Le Niger cité en modèle

Lors son message à la nation du 17 décembre dernier, le président sortant a dressé un bilan reluisant sur le plan sécuritaire, la lutte contre la pauvreté et le respect des droits de l'homme.

"Il n'y a pas d'émergence sans sécurité des personnes et des biens. Cette priorité du programme de la renaissance a été prise en charge par le gouvernement tout au long de la décennie écoulée, les menaces sont bien identifiées, les objectifs politiques et stratégiques de lutte contre ces menaces ont été bien définis entre 2010 et 2020", a déclaré Issoufou Mouhamadou. "Par ailleurs, la croissance a été inclusive, car l'incidence de la pauvreté a baissé, surtout en milieu rural, qui a bénéficié notamment d'un plan de soutien annuel d'un montant cumulé d'environ 2.000 milliards de Francs CFA. En outre, l'amélioration de l'accès à la justice et de la qualité des services judiciaires, la promotion des droits humains ont valu à notre pays le prix de la lutte contre la traite des personnes en 2019 et d'être cité comme un modèle de bonnes pratiques en matière de respect des droits humains."

Ces dernières années, l'association Nigerielles a permis de valoriser l'entrepreneuriat des femmes.Image : DW/I. M. Madougou

Un manque de respect du citoyen, selon l'opposition

Néanmoins, pour certains, ce tableau présenté est loin d'être la réalité du Niger. C'est le cas d'Abdou Namaiwa, membre du directoire du mouvement patriotique nigérien MPN, formation politique membre de la coalition des partis de l'opposition pour une alternance démocratique, CAP 20-21.

"Par rapport aux trois domaines, le tableau n'est pas du tout reluisant pour le Niger, malheureusement. Ce n'est pas une parole d'opposant, mais la triste réalité. Nous, nous n'entendons pas gérer le pays dans ce sens, nous pensons que le citoyen doit être respecté. Et respecter le citoyen suppose qu'on puisse lui donner la possibilité de s'exprimer directement à travers toutes les autres formes de manifestation de la liberté."

En 2018, les Nigériens avaient protesté contre la nouvelle loi de finances du gouvernementImage : picture-alliance/AA/B. Boureima

De son côté, la structure "Tournons la page", qui est active dans la société civile nigérienne, rejette également le bilan du président sortant. La réalité nigérienne se résume à la soumission et à l'oppression, estime Issa Garba, secrétaire à l'information et à la communication de l'organisation :

"Aujourd'hui, aucune règle élémentaire en matière de droit de l'homme n'est respectée au Niger. La seule chose qu'on demande aux citoyens nigériens, c'est de payer l'impôt. Et si le citoyen donne son avis quant à la gestion macabre du régime, il va en prison."

Le 27 décembre prochain, quelque 7,4 millions de Nigériens vont se prononcer soit sur la continuité, avec le candidat du parti au pouvoir Bazoum Mohamed, soit l'alternance, et ce dans un contexte de défis sécuritaire et sanitaire très complexe.