Niger : attaque meurtrière contre l’oléoduc de l’Agadem
18 juin 2024"Dans la nuit du 16 juin, le Front patriotique de libération (FPL) a mis à exécution sa menace en mettant hors d'usage un important tronçon du pipeline à titre de premier avertissement à la junte de Niamey" : voici ce qu’on peut lire dans le communiqué publié par le Front patriotique de libération sur internet, qui affirme aussi que "le pétrole ne coulera pas sans justice sociale".
Le Front patriotique de libération, le FPL, menace de paralyser "toutes les installations pétrolifères" du Niger si "la légalité constitutionnelle" n’est pas restaurée au Niger – ce qui implique, selon lui, la libération du président déchu, toujours emprisonné, Mohamed Bazoum.
Paul Amegakpo, président de l'Institut Tamberma pour la gouvernance, rappelle que l’exploitation du pétrole nigérien est hypothéquée par la crise diplomatique qui oppose le Bénin au Niger, mais aussi par les menaces de sabotage du pipeline, comme cette première attaque semble le confirmer.
La ruée vers l’or noir
"La diplomatie sélective et ostracisante, que le Niger a adoptée depuis le coup d’Etat de juillet 2023, ne permet pas d’apaiser les tensions et de trouver une solution négociée à la crise autour de l’exploitation du pétrole qui implique tous les acteurs", confie l’expert à la Deutsche Welle.
"Elle ne permet pas non plus de mettre l’intérêt supérieur de la nation nigérienne en avant, au lieu de prendre position pour une confrontation géostratégique dont le Niger serait naturellement perdant", poursuit ce dernier.
Lors de l’inauguration de l’oléoduc de l’Agadem, fin 2023, le Premier ministre, Ali Mahamane Lamine Zeine, avait présenté cette infrastructure comme un pilier soutenant la "souveraineté et le développement du pays sur la base d’un partage équitable aux populations".
A qui profite le pétrole ?
Cependant, il est difficile d’occulter les tensions récentes autour de l’exportation du pétrole nigérien. Dans ce cas, que faire pour calmer la situation et faire en sorte que cette ressource puisse profiter à l’économie du pays ?
Pour l’analyste géopolitique Boubakar Lalo, l’économie du Niger a absolument besoin d’exporter son pétrole. "Il faut prendre cette question très au sérieux. Et on ne peut calmer la situation que par la négociation."
" La négociation implique qu’il puisse y avoir un contrat social de partage des revenus. Que ce contrat soit transparent, qu’il soit équitable et qu’enfin, de 20.000 tonnes de pétrole on arrive à 110.000 tonnes et que le peuple nigérien savoure les fruits de cette richesse", renchérit l’analyste.
Ce lundi (17 juin), la justice béninoise a condamné à 18 mois de prison avec sursis trois ressortissants nigériens. Ils avaient été arrêtés avec deux autres personnes, la semaine dernière, au port de Sèmè-Kpodji.
Ils ont été condamnés pour "usurpation de titres et usage de données informatiques falsifiées". Suite à cette condamnation, le régime militaire nigérien avait décidé d’interrompre l’acheminement du pétrole par l’oléoduc.