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Le coup d'Etat au Niger préoccupe aussi les Burkinabè

Charles Bako
9 août 2023

À Fada N’Gourma, la ville frontalière du Burkina avec le Niger, les habitants redoutent qu'une quelconque intervention militaire de la Cédéao poussent des Nigériens à franchir la frontière.

Nigeria Jibia | Nach dem Militärputsch im Niger
La Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, ndlr) a annoncé des sanctions sans précédent contre le Niger, dont une interdiction des exportations et importations de pétrole, et la suspension des transactions financières transfrontalières"Image : Mohammed Babangida/AP/dpa/picture alliance

En effet, la ville se situe sur l'axe routier qui relie Niamey à Ouagadougou. La présence dans la zone de groupes djihadistes devrait aussi compliquer la situation en cas d'afflux de réfugiés.

Cette crise politique pourrait en effet pousser des milliers de Nigériens à fuir vers le Burkina Faso, vers la ville de Kantchari et, plus loin, celle de Fada NGourma.

La crainte des populations

C’est ce que craint Noël Yampabou, secrétaire général du Conseil régional des organisations de la société civile de Fada NGourma.

Pour lui, même si la présence des deux côtés de la frontière de populations membres de l'ethnie Gourmantché pourrait favoriser les déplacements, la situation sécuritaire avec la présence des djihadistes ne favoriserait pas leur prise en charge.

"S'il y a une intervention militaire de la Cédéao, cela risque de créer des mouvements de population du Niger vers la région de l'est. Il ne faut pas oublier que la concentration des Gourmantchés au Niger est très importante dans la zone frontalière, jusque dans la capitale. Forcément, s'il y a une intervention militaire, nous allons faire face à un reflux de ces populations dans leur famille d'origine", a expliqué Noël Yampabou.

Le régime militaire issu d'un coup d'Etat au Niger semblait insensible aux offres de négociations venues d'Afrique de l'Ouest et des Etats-Unis en vue d'éviter une intervention militaire pour rétablir l'ordre constitutionnel.Image : Mahamadou Hamidou/REUTERS

La situation est déjà fragile dans la zone

Cette zone frontalière entre le Burkina Faso et le Niger est par ailleurs, depuis des années, victime des attaques de groupes djihadistes, d'où l'absence de tout trafic sur l'axe routier principal de la région, la nationale numéro 6.

Pour Noël Yampabou, les chefs d'Etats de la Cédéao devraient s’inspirer de la sagesse africaine pour une sortie de crise

"Le Niger, c'est tout de même un pays frère et s'il y a mouvement de populations, je crois que le premier devoir d'un Africain, c'est toujours d'accueillir les personne en détresse et nous n'allons pas manquer à cette tradition d'accueil. Nous ferons tout ce qu'il faut pour leur assurer ce droit d'asile qui, du reste, est un élément essentiel des engagements humains. Dans la tradition africaine, on dit que quand vous tenez une calebasse et que chacun tire de son côté, la calebasse ne peut que se rompre, l'eau qui est dedans va couler et les regrets seront pour tout le monde".

La vie devient plus chère

Ce spectre de trouble qui plane sur le Niger inquiète aussi la conférence épiscopale Burkina-Niger. A travers un communiqué, les évêques ont proposé d'autres sorties de crise que celle de la force.

"Suite au coup d'Etat militaire intervenu à Niamey, nous avons observé un certain nombre de sanctions qui ont été prises contre le Niger, avec la restriction des échanges commerciaux avec les autres pays membres de la Cédéao. Les banques au Niger n'arrivent plus à payer les liquidités comme il se doit. Il y a aussi une augmentation des prix des denrées de première nécessité. Les sacs de riz sont passés de 11.000 à 15. 000 francs CFA", a observé Boureima Dahani, natif de Fada NGourma.

A Kantchari, ville proche de la frontière avec le Niger, les autorités communales préfèrent s'abstenir de toute déclaration sur le coup d'Etat au Niger. Le Burkina Faso est lui-même dirigé par des militaires putschistes.

 

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