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Retrait du Niger de la Cédéao : des réactions à Maradi

Ali Abdou
30 janvier 2024

A Maradi, l'économie dépend en grande partie des échanges avec le Nigeria. L'annonce du retrait du Niger de la Cédéao suscite donc des inquiétudes.

Sommet de la Cédéao à Abuja en décembre 2023
Comme le Mali et le Burkina, le Niger a également décidé de quitter la CédéaoImage : Kola Sulaimon/AFP

 Le Niger, en même temps que le Burkina Faso et le Mali, a annoncé son retrait dela Cédéao.

L'annonce a surpris à Maradi, en raison notamment des forts liens commerciaux qui existent entre le pays et son grand voisin du Sud, le Nigeria.

Faut-il quitter ou non la Cédéao ? Si la question se posait depuis les sanctions imposées au Niger à la suite du coup d'Etat du 26 juillet 2023, beaucoup ne pensaient pas que la ligne serait franchie par les autorités militaires nigériennes.

Des craintes de la population

"Eux, les militaires qui sont au pouvoir, ils n'ont pas pris la mesure des conséquences que cela va engendrer sur nos vies, nous citoyens nigériens", s'est inquièté Sani Ibrahim, opérateur économique.

Il estime que cette décision n'a pas été mûrement réfléchie et craint son impact sur le quotidien "puisque nous nourrissons nos familles avec nos activités avec le Nigeria. Et nous sommes des millions", assure-t-il. 

"Le Nigeria et le Niger, tout le monde va souffrir"

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"Pourquoi vont-ils nous mettre dans une situation plus grave que celle qu'on subit ? Parce que même maintenant, on vit dans une situation très délicate. Cela va ralentir les activités puisqu'avant, avec peu d'argent, tu pouvais transporter tes marchandises au Niger. Mais maintenant, je suis sûr que là où tu dépensais 5.000 nairas, tu vas dépenser 10.000 nairas. Donc les produits vont être plus chers. Ce que je veux de ces militaires : il faut chercher ce qui va simplifier la vie des gens, pas ce qui va la compliquer", insiste par ailleurs Sani Ibrahim.

L'annonce de cette décision de retrait de la Cédéao n'a pas encore eu d'impacts sur les échanges transfrontaliers, déjà perturbés, mais jamais interrompus, par la fermeture officielle des frontières.

"Tout le monde va souffrir"

Selon le président du syndicat des transporteurs voyageurs ligne Maradi-Kano, environ 300 véhicules de transport sont rentrés ce lundi 29 janvier 2024, comme d'habitude au Nigeria. Mais Saidou Garba estime que le Niger et le Nigeria ont tous deux à perdre dans cette situation.

"Même s'il y a ce problème-là, ils vont souffrir aussi au Nigeria. Même avec la fermeture des frontières, ce sont eux qui souffrent parce que nous, on leur amène de l'argent. Maintenant, ils vont commercer avec qui ?", s'interroge le syndicaliste.

Selon Saidou Garba, Nigeriens et Nigerians sont " tous dans le même bateau". Pour lui, "le Nigeria et le Niger, tout le monde va souffrir, mais ils vont souffrir plus que nous. Le Nigeria ne peut pas marcher sans le Niger. Le Niger aussi ne peut pas marcher sans le Nigeria."

Cette annonce du retrait du Niger de la Cédéao est une escalade dans le bras de fer qui oppose les autorités militaires du pays à l'organisation sous-régionale. Et certains Nigériens plaident pour une solution négociée à la crise et un retour à la normale.