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Konstanze Fischer | Avec agences
21 novembre 2025

Les autorités militaires au pouvoir reprochent aux ONG et associations non autorisées de ne pas avoir publié leurs états financiers pour 2024.

Un employé des services techniques de la ville de Niamey assiste à une cérémonie de remise de dons de la part d'ONG
Le Niger compte officiellement 4.122 ONG et associations de développementImage : Nicolas Remene/Le Pictorium Agency/ZUMA/picture alliance

Ce n'est pas la première fois que les organisations non gouvernementales et autres associations sont dans le viseur du général Abdourahamane Tiani

Depuis son arrivée à la tête du Niger en juillet 2023, après un putsch, le chef des militaires les accuse régulièrement de manquer de transparence et les soupçonne d'espionnage et de complicité avec les djihadistes, laissant de côté le rôle essentiel que ces organisations jouent pour des millions de personnes dans le pays.

Accusation de soutien aux terroristes

Fin janvier, déjà, le général Mohamed Toumba, ministre de l'Intérieur, avait affirmé prendre "d'importantes mesures pour assurer le suivi et l'encadrement des ONG et des organisations de développement". Il avait alors affirmé que "beaucoup d'ONG" au Niger menaient des "missions de subversion" à travers des "soutiens qu'elles apportent souvent aux terroristes".

La semaine dernière, le ministre a enfoncé le clou en autorisant une centaine d'organisations à poursuivre leurs activités, car elles s'étaient conformées à la nouvelle réglementation. Des centaines d'autres en revanche sont depuis suspendues et elles ont 60 jours pour se mettre en règle. 

Déclaration financière 

La nouvelle réglementation requiert en effet des ONG et associations qu'elles publient leurs états financiers de l'année passée au Journal officiel. Actuellement, le Niger compte plus de 4.000 ONG et associations de développement, dont 332 sont étrangères. 

Selon les chiffres officiels, elles ont mobilisé, en 2024, plus de 250 milliards de francs CFA, soit 380 millions d'euros. Le nombre d'ONG internationales concernées par la suspension n'a pas été précisé par les autorités nigériennes. 

Le général Toumba, ministre de l'Intérieur, a donné 60 jours aux organisations suspendues pour se mettre en règleImage : Balima Boureima/AA/picture alliance

Il y a un an, en novembre 2024, l'ONG française Acted avait déjà fait les frais du tour de vis imposé par des militaires en quête de légitimé et qui ont placé la lutte contre les terroristesl et la souveraineté nationale en tête de leurs priorités. 

En février de cette année, c'est le Comité international de la Croix-Rouge au Niger qui a été sommé de plier bagage. Accusé de "connivence avec les terroristes", cela faisait 35 ans que le CICR était présent dans le pays.

En plus d'une transparence financière, les militaires demandent que les ONG alignent leurs activités sur leurs objectifs : renforcement de la sécurité, développement des bases de production pour la souveraineté économique ou encore promotion de la bonne gouvernance.

Situation difficile aussi au Mali et Burkina Faso 

Dans ces deux pays frontaliers du Niger et également dirigés par des militaires, les ONG paient aussi le prix fort, en particulier lorsqu'elles sont étrangères ou soutenues par des fonds étrangers. 

Ainsi, cette année, Ouagadougou a révoqué, en l'espace d'un mois - entre juin et juillet - l'autorisation d'exercer d'une vingtaine d'ONG, officiellement pour raison administrative. 

Dix autres associations ont été suspendues pour une durée de trois mois. Et au Mali, les ONG financées ou soutenues par la France, ancienne puissance coloniale, n'ont pas le droit d'exercer leurs activités depuis 2022. 

Et comme si la pression exercée par les militaires ne suffisait pas, les ONG sont également prises pour cible par les terroristes qui les perçoivent, aussi, comme des symboles de l'influence occidentale. 

A noter que nos tentatives pour joindre un membre d'une ONG au Niger sont restées infructueuses. La situation est "trop délicate, trop dangereuse", nous a-t-on répondu.