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Les nombreuses inconnues après le putsch au Niger

28 juillet 2023

Après le coup d'Etat au Niger, le général Tchiani s'est présenté comme le nouvel homme fort à Niamey. La Cédéao se retrouve face à une nouvelle crise au Sahel.

Portrait du général Abdourahmane Tchiani et de Mohamed Bazoum
Le général Abdourahmane Tchiani et le président déchu Mohamed BazoumImage : DW

Si le nom du général Abdourahamane Tchiani a été évoqué aux premières heures du putsch, il n'a été confirmé à la tête du CNSP le Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie qu'au troisième jour de la prise du pouvoir par les militaires. Une annonce retardée sans doute en raison de tractations comme c'est souvent le cas lors de coup d'Etat explique l'analyste Louis Magloire Keumayou.

"Il y a eu ces tractations pour voir lequel des officiers serait à même de porter la transition au nom de tous les autres soldats, vu qu'il y a eu un communiqué commun des Etats major pour faire allégeance aux putschistes. Etant donné que c'est lui qui a porté l'initiative, c'est logique que ce soit lui qui porte la responsabilité pour conduire le conseil de transition" précise-t-il.

Le général Abdourahmane Tchiani a justifié le coup d'Etat notamment par "la dégradation de la situation sécuritaire". Il a aussi dénoncé la mal gouvernance et lancé un appel aux partenaires et amis du Niger, pour qu'ils fassent confiance aux "Forces de défense et de sécurité, garantes de l'unité nationale".

"C'est logique que ce soit lui..." Louis Magloire Keumayou

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Déjà, certains de ces partenaires du Niger comme la France ont annoncé ne pas reconnaitre les autorités issues du putsch. Paris dit considérer toujours Mohamed Bazoum comme "le seul président de la République du Niger". Jeudi (27.07) l'Allemagne parlait d'un "soutien total pour un retour à l'ordre constitutionnel".

Le coup de force du CNSP est donc toujours décrié. La situation au Niger est un premier test pour le nouveau patron de la Cédéao, Bola Tinubu qui est également le président du Nigéria.

 

La marge de manoeuvre de la Cédéao

Selon Marcel Maïga, membre du comité de pilotage de Fokus Sahel, un réseau de la société civile qui travaille sur les questions de politique de paix et de développement au Sahel, la marge de manœuvre de la Cédéao reste assez limitée. Il estime que cette nouvelle crise est peut-être l'occasion pour elle de revoir son fonctionnement.

"On se souvient de comment la Cédéao a réagi par rapport aux évènements au Mali, au Burkina et en Guinée. Pour moi l'enjeu qui se présente est est-ce que la Cédéao adopte une approche plus réaliste, dans ce cas du Niger…" estime-t-il.

La Cédéao avait adopté des sanctions à l'encontre du Mali, du Burkina et de la Guinée au lendemain des putschs dans ces pays.

Au Niger, on est toujours dans l'attente de l'arrivée du président béninois Patrice Talon qui a été désigné comme émissaire de l'institution. 

Le nouveau patron de la Cédéao, le chef de l'Etat nigérian, Bola Tinubu, avait mis en garde et promis de s'opposer aux coups d'Etat dans la sous-région. Une mise en garde qui visiblement n'a pas dissuadé les militaires au Niger.

L'analyse de Marcel Maïga

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 Les dirigeants des Etats d'Afrique de l'Ouest doivent se réunir dimanche (30.07.2023) à Abuja selon la présidence nigériane.
 

Le silence de Mahamadou Issoufou 

Depuis le début des évènements au Niger, l’ancien président Mahamadou Issoufou ne s’est pas exprimé publiquement.
Selon certaines sources et notamment l'hebdomadaire "Jeune Afrique", l'ex président a tenté de jouer officieusement les médiateurs, mais pour le moment il n'a pas fait de déclaration publique. Une attitude que tente d'expliquer l'analyste Louis Magloire Keumayou.

Selon lui : "Bien que toutes les personnes impliquées dans le coup d'Etat lui doivent beaucoup, notamment leurs nominations et leurs carrières, il n'est plus président de la République. Aujourd'hui visiblement, il n'est pas plus entendu que le président Bazoum et donc c'est la raison pour laquelle les négociations qu'il a mené plus ou moins officieusement n'ont pas abouti …"

Selon l'analyste, vu que sur le plan formel, l'ex président Issoufou n'a pas la possibilité de sanctionner les putschistes, on ne peut selon lui "que compter sur sa force morale et sa bonne volonté pour faire bouger les lignes".

 Le président déchu Mohamed Bazoum est lui, toujours retenu par les militaires putschistes.