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Niger : la vie difficile des enfants déplacés à Diffa

17 mars 2020

Certains enfants ont perdu leurs parents au cours de leur fuite, d’autres sont traumatisés par ce qu’ils ont vécu. Pour leur venir en aide, un centre a été créé qui se charge d’apporter un soutien psychologique.

Projet pour la protection des enfants
Image : DW/M. Issa

"Ils n’arrivent même pas à s’exprimer parce qu’ils ont vu des scènes horribles" (Djibril Boukari)

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La région de Diffa, située dans la partie est du Niger, est durement éprouvée depuis la crise sécuritaire ayant occasionné une autre crise, cette fois ci humanitaire, avec l’afflux des réfugiés nigérians et déplacés internes. Ces populations, en majorité des femmes et des enfants, fuient les atrocités de la secte Boko Haram.

À Diffa, il n’y a pas que le bruit des armes qui agrémente le quotidien stressant des populations.

Difficile prise en charge

Une tâche difficile d’autant que ces enfants sont souvent rejetés car soupçonnés d’être liés à Boko Haram. 

Au quartier Château, situé à la périphérie de la commune urbaine de Diffa, proche des camps de réfugiés et de déplacés internes, un Centre de prévention, de promotion et de protection des enfants a été créé en 2017.

Image : DW/M. Issa

On y trouve un service de prise en charge psychologique des enfants victimes de traumatisme et une aire de jeu qui accueille du lundi au vendredi, les matins et les soirs, une centaine d’enfants déscolarisés en majorité.

Il s’agit d’enfants de réfugiés, de déplacés internes, le plus souvent séparés de leurs parents ou bien ayant vécu dans des camps de Boko Haram après leur enlèvement.

C’est le cas de la petite Fatouma, âgée de 11ans. Elle a été conduite dans ce centre par sa mère qui voulait lui faire oublier son passé douloureux.

"C’est ma mère qui m’a amené ici, il y a sept mois. On vient dans ce centre pour jouer. Ma joie c’est de m’amuser", raconte-elle.

Non loin d’elle est Abba Kiari. Il n’est pas un enfant de réfugié ou de déplacé, il fait partie des autochtones qui, après ses heures de cours, se retrouvent avec les autres enfants pour jouer.

Une stratégie pour faciliter l’intégration de ces êtres fragiles ayant vécu des périodes sombres de leur existence.

Le petit Abba ne voit aucun inconvénient à se rendre dans cette aire de jeu.

Image : DW/M. Issa

"Je viens ici les jours où je n’ai pas cours et cela n’empiète pas sur mes études et puis c’est à 11 heures qu’on arrête les activités le matin. On joue au football, le jeu des numéros… bref il y a une multitude de jeu dans ce centre."

Depuis trois ans, Mari Boulama Adji est éducatrice sociale dans ce centre. Chaque matin, elle s’y rend avec la même détermination de faire de ces enfants des hommes dignes dans la société de demain.

"Nous les éduquons sur plusieurs valeurs comme l’inutilité de se bagarrer, de mentir etc… Nous compatissons à leur peine, nous voulons que ces enfants grandissent dans de bonnes conditions car ils sont l’avenir du pays. C’est une obligation de les protéger."

Priorité à l'éducation

Après trois années d’existence, ce centre a pu redonner le sourire à ces enfants. Certain réussissent même à intégrer le système éducatif alors que beaucoup, à leur arrivée, souffraient de traumatisme graves, nous explique Djibril Boukari, le superviseur du centre.

Image : DW/M. Issa

"Ils n’arrivent même pas à s’exprimer parce qu’ils ont vu des scènes horribles : par exemple leur village saccagé, les parents ont été tués, ils ont vu des massacres. Ces enfants font des cauchemars. Quand on parle avec eux, ils ne s’expriment pas et quand on arrive à toucher un certain point, ils commencent à pleurer."

Malgré ce traumatisme et grâce aux concours des travailleurs sociaux du centre, certains enfants s’en sortent et arrivent même à être intégrés dans des familles d’accueil.

Mais celles-ci les hébergent en affirmant qu’il s’agit d’enfants de la famille afin d’éviter toute forme de stigmatisation à leur égard.

La région de Diffa est placée sous état d’urgence depuis cinq ans en raison de la recrudescence des attaques meurtrière de la secte Boko Haram, dont la dernière date du 7 mars avec un bilan provisoire de huit militaires tués, huit blessés et trois disparus.

La région accueille au total plus de 200.000 personnes en situation d’urgence, 120.619 réfugiés nigérians et 111.058 déplacés internes.