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Le Niger renforce sa coopération militaire avec la Russie

Mahamadou Abdoulkarim | Carole Assignon
12 avril 2024

Des instructeurs russes sont à Niamey, où du matériel militaire russe a été livré. D'autres pays de la région, comme le Burkina Faso, sont dans la même démarche.

Le Général Abdourahmane Tiani et ses hommes
Le général Abdourahmane Tiani, chef de la junte au pouvoir au NigerImage : REUTERS

C'est à bord d'un Iliouchine-76, un avion de transport militaire, que le matériel est arrivé à Niamey. Egalement du voyage, des instructeurs russes de l'Africa Corps, présenté comme le successeur du groupe paramilitaire Wagner.

Selon la télévision publique nigérienne Télé Sahel, le matériel militaire réceptionné serait un système de défense anti-aérien capable d'assurer la surveillance totale de l'espace aérien du Niger. Mais aucune autre information n'a été livrée jusque-là en plus.

Pour former l'armée nigérienne à utiliser ce matériel, une centaine de militaires russes sont donc arrivés au Niger.

Pour Abdoulaye Seydou, le coordinateur du Mouvement M62, qui est opposé à la présence de bases militaires étrangères au Niger, il est important que le renforcement de la coopération militaire avec Moscou se fasse en toute transparence et dans le respect de la souveraineté.

"L'arrivée d'instructeurs russes n'est pas en soit un problème puisqu'il s'agit de former nos FDS (forces de défense et de sécurité) autour du matériel acquis et de sa mise en place. Là où il pourrait y avoir un problème, ce serait par rapport à l'implantation définitive d'une base militaire russe", estime-t-il.

De nombreux Nigériens sont contre la présence de bases militaires étrangères au NigerImage : Balima Boureima/AA/picture alliance

"Un paradoxe"

Ce samedi 13 avril, une manifestation est prévue pour demander le départ des forces américaines du pays. Certains s'interrogent donc sur l'arrivée d'autres soldats étrangers.

Pour Souley Oumarou, président du Forum citoyen pour la République, ce renforcement de la coopération militaire avec Moscou, alors que Niamey a tourné le dos à d'autres partenaires occidentaux, est curieux et paradoxal.

Selon lui "ces forces russes ne sont pas là pour le peuple nigérien" dont la majorité ne souhaite plus de présence militaire étrangère. Pour Souley Oumarou renforcer la coopération militaire avec Moscou pourrait juste n'être que le résultat du "désir du pouvoir en place de se sécuriser d'abord, et cela pourrait aussi être une autre source d'inquiétude".

Ibrahim Namaiwa, vice-président de la fédération Niger Uni, ne voit en revanche aucune raison de s'inquiéter et encore moins un paradoxe dans cette coopération russo-nigérienne.

"C'est tout à fait normal que nous cherchions des partenaires efficaces, la Russie fait partie de ces partenaires, c'est un choix assumé", assure-t-il.

Pour certains Nigériens il est tout à fait normal que le pays choisisse ses partenairesImage : Sam Mednick/AP/picture alliance

La quête de la sécurité

Outre le Niger, la Russie s'est aussi rapprochée militairement d'autres pays du Sahel comme le Mali ou encore le Burkina Faso. En janvier, Africa Corps avait indiqué sur Telegram l'envoi d'unités au Burkina Faso.

Selon Seidick Abba, analyste et spécialiste des questions sécuritaires, la coopération militaire entre les pays de l'Alliance des Etats du Sahel et la Russie pourrait encore se renforcer davantage, en raison notamment de la dégradation de la situation sécuritaire au Sahel.

"Les pays vont penser que compte tenu de l'aggravation, il faut renforcer la coopération avec la Russie, acquérir davantage de matériel", explique-t-il avant de préciser que "chaque fois qu'on parle d'accroître la coopération, cela veut dire acquisition de matériel, mais cela veut dire augmentation d'effectifs aussi".

Comme au Niger, la livraison de matériel militaire au Burkina Faso s'est faite avec le déplacement d'instructeurs chargés de la formation de l'armée burkinabè.