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Au Niger, la malnutrition chez les enfants progresse

Ali Abdou
9 juin 2022

Dans le district d’Aguié dans la région de Maradi, les admissions hebdomadaires se sont multipliées par cinq. Reportage.

Le prix des soins peut dissuader la population à aller consulter un médecin
Image : ANDREW CABALLERO-REYNOLDS/AFP/Getty Images

La DW s’est rendue dans le Centre de prise en charge des enfants malnutris de l’hôpital du district d’Aguié (Creni), où 74 des 75 lits sont déjà occupés et où les cas d’enfants en détresse sont très fréquents. Cette situation devrait persister jusqu’à la fin de l’année.

Lors de notre reportage sur place, un médecin traitant et son équipe s’activent autour d’un enfant, trois ans environ, arrivé le matin en situation de détresse respiratoire.

Ecoutez le reportage de notre correspondant...

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"Cet enfant, malheureusement, est un enfant qui est en train de gasper (respirer de façon agonique) déjà", explique le docteur Adamou Moumouni. "Et on n’a pas beaucoup d’espoir pour lui. C’est un enfant qui a déjà fait un arrêt cardiorespiratoire, il a été réanimé deux fois aujourd’hui. C’est un enfant chez qui nous avons diagnostiqué un choc septique. Le problème qui se pose ici, c’est que nous devons le transfuser et les stocks sont vides au niveau du labo, on n’a pas de sang."

Avant la fin de notre reportage, nous apprenons que l’enfant est décédé, faute de transfusion sanguine. 

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Les soins intensifs sont le centre névralgique du Creni. Pour Adamou Moumouni, au-delà de la malnutrition, ce sont les pathologies associées qui constitue l’urgence au centre : "Un enfant qui rentre dans un état d’hypoglycémie, vous avez peu de temps pour réagir. Si vous ne réagissez pas, cet enfant va trépasser. C’est un terrain où tous les systèmes de défense sont bas. Ce n’est pas quelqu’un dont l’organisme peut se défendre comme vous et moi."

Prise en charge gratuite

Saratou Abdourahmane vient du village de Salalau, dans un autre département, situé à une quarantaine de kilomètres. Son fils âgé de sept mois souffre de diarrhée depuis quatre jours.

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Avant de venir ici, elle était allée au CSI de Gazaou, où la prise en charge de son enfant n’a pas été satisfaisante, peut-être parce qu’elle n’avait pas les moyens de supporter les coûts des traitements.

A son arrivée le matin au Creni, son fils a été pris en charge par l’équipe médicale. Saratou est soulagée par l’attention portée à son fils :

"Je constate que l’état de mon enfant s’améliore et cela me soulage. Nous, les mères, ce sont nous qui souffrons. Son père est au village. Je suis venue seule et je ne sais pas s’il va venir. Je lui ai dit que je venais à Aguié, comme l’état de santé de l’enfant ne s’améliorait pas. La nuit je ne dormais pas à cause de ses pleurs. Sur la route, j’ai demandé à quelqu’un de m’aider pour les frais de transport. Il m’a donné 200 francs. Mon mari ne m’a rien donné."

Grace au soutien d’ONG intervenant dans le domaine de la santé de l’enfant, la prise en charge au Creni est gratuite.

Dr. Moussa Boubacar : "Les cas hebdomadaires d'enfants malnutris sont passés de 20 à 100"

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Malnutrition en augmentation

Zara Oumarou, vient du village de Madobi, à une soixantaine de kilomètres. Son fils a été admis il y a trois jours et est sur le point de sortir du centre.

"J’ai amené mon enfant très faible", explique-t-elle. "Et là, je le ramène à la maison bien en chair. Il rit, je ris et je suis très contente. Il souffrait de diarrhée et de vomissement quand je l’ai amené ici. Il a eu des injections, on lui a donné du lait, du Plumpy Nut (une pâte à base de cacahuètes, ndlr. Il était tout le temps surveillé."

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Selon le directeur du district sanitaire, sur les trois dernières années, la prévalence de la malnutrition a augmenté dans le district. Elle serait liée aux difficultés liées à la Covid-19 qui a limité le mouvement de la population, avec la fermeture des frontières, aggravant ainsi la situation de la nutrition.

Les difficultés économiques des parents ont aussi eu pour conséquences une augmentation des cas d’enfants malnutris.