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Niger : quatre mois de sanctions et de vie difficile

Mahamadou Abdoulkarim
27 novembre 2023

Depuis le 26 juillet, les Nigériens vivent sous sanctions de la Cedeao et de l'Uemoa. Depuis quatre mois, ils font face aux difficultés liées à la cherté de la vie.

Des vendeurs d'épices debout à côté de leurs marchandises
La Cedeao a imposé de strictes sanctions financières au Niger pour pousser les militaires à restaurer l'ordre constitutionnel.Image : DW

L’espoir suscité par l’avènement du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie le 26 juillet dernier est devenu en peu de temps une déception chez bon nombre des citoyens nigériens, y compris dans les rangs des soutiens de la première heure des militaires. "On vit un moment vraiment très décourageant" estime Salamatou Abdoulaye, membre du comité de soutien de la junte militaire à Niamey.

"Au début on avait applaudi, on était très content et on était vraiment engagé, motivé vraiment de suivre et soutenir le CNSP. Mais aujourd’hui avec la situation difficile, la population est très confuse parce qu’il y a la cherté des denrées, surtout le riz. Il y a encore de l’autre côté les salaires qui sont bloqués. C’est difficile pour une famille. Ça joue beaucoup sur la population parce qu’on est dans une situation très délicate", explique Salamatou Abdoulaye.

Les sanctions de la Cédéao empêchent le Niger d'accéder au marché financier régional de l'Uemoa. Image : AFP/Getty Images

"Chaque fin du mois, on se demande s'il y aura salaire ou pas"

La recette du CNSP ne semble pas encore bien huilée pour faire face aux multiples défis qui se présente à lui. La transition militaire éprouve des difficultés à satisfaire les exigences des populations sur le plan socio-économique, estime l’analyste Souley Oumarou, président du Forum pour une citoyenneté responsable.

"Aujourd’hui, après 4 mois donc, on sent que la machine du CNSP tarde à démarrer. On peut penser même qu’elle est grippée au vu en tout cas du contexte social très critique. Vous avez donc la cherté de la vie et vous avez la non-disposition des produits de première nécessité. Je pense bien que c’est un étouffement puisque les fonctionnaires aussi n’arrivent pas à avoir les salaires à temps. Et donc à la fin du mois, on se demande : est-ce que ce mois il y aura salaire ou pas", ajoute Souley Oumarou.

La volonté de dialoguer

Pour satisfaire et améliorer les conditions de vie des populations, la voie du dialogue avec la communauté internationale et particulièrement la Cédéao, s’impose au CNSP.

La correspondance de Mahamadou Abdoulkarim

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C’est le sentiment de Djibrilla Idrissa, secrétaire général de la Confédération Démocratique des Travailleurs du Niger. "Tant qu’on ne privilégie pas les négociations, nous n’allons pas sortir la tête de l’eau le plutôt possible. Donc disons-nous les choses de manière très claire : le CNSP doit avoir la volonté, l’engagement, la détermination de négocier avec les partenaires extérieurs ou bien les organes communautaires dans lesquels se trouve le Niger, pour qu’on puisse normaliser le fonctionnement de l’Etat du Niger".

Aujourd’hui, de plus en plus de voix s’élèvent pour appeler le CNSP à dialoguer avec les dirigeants de la Cédéao. Les populations très éprouvées ne pourront pas supporter encore longtemps la situation qu’elles vivent surtout après le verdict de la cour de justice de l’Uemoa. Celle-ci a débouté l’Etat du Niger sur le sursis à l’exécution des sanctions économiques et financières.