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Les Nigériens divisés sur le motif du coup d'Etat

27 juillet 2023

Les militaires qui ont annoncé la fin du régime du président Mohamed Bazoum ont aussi indiqué que le coup de force militaire "fait suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire".

Image : AFP

Les propos tenus par les putschistes sont interprétés différemment selon qu’on soit proche du camp du parti du président Bazoum ou que l’on soutienne les militaires. Les nombreux interlocuteurs que nous avons pu joindre à Niamey ont aussi des avis divers sur les raisons profondes du coup de force militaire. Une source officielle, très proche du président Bazoum, évoque des raisons purement politiques, car dit-elle, l’armée nigérienne n’a jamais été aussi bien équipée en matériels et en blindés pour la lutte contre le terrorisme.

Alors coté pouvoir, on assure que le Niger, contrairement à ses voisins du Mali, du Burkina Faso et du Tchad, est le pays qui aurait le plus amélioré sa situation sécuritaire. Mais cette lecture du climat sécuritaire n’est pas partagé par l’enseignant-chercheur Moussa Zangarou - même s’il reconnait qu’il y a eu récemment quelques améliorations. 

A Niamey, des jeunes ont manifesté en soutien aux putschistes qui ont annoncé la fin du régime BazoumImage : AFP

"Nos forces de défense et de sécurité selon les informations que je collette, centralise ont réellement commencé à produire des résultats rassurants, sinon tout le monde se rappelle des résultats macabres en 2019, 2020, 2021, 2022. Si on dit que la situation sécuritaire s'améliore moi je pense que cela reste à vérifier", explique Moussa Zangarou.

"Dans certaines localités de la région de Tillabéry, rien que la semaine dernière, 12 personnes ont été tuées tout comme dans un autre coin de la même région, dans le département de Torodi et encore non loin de Niamey, les gens ont déploré ce qui s’est passé. Donc la situation sécuritaire est extrêmement préoccupante. Donc n’importe qui va venir s’il ne prend pas sérieusement cette question, il finira par avoir beaucoup de problème".

Colère de certains militaires

La situationsécuritaire pourrait expliquer une partie de la colère de certains militaires. Pourtant, de nombreux Nigériens ont été surpris par ce coup de force. Ils nous ont confié ignorer les raisons profondesqui ont poussé des éléments de la garde présidentielle à annoncer la fin du régime. Beaucoup disent leur surprise. 

"Je pense que, ces dernières semaines il y a une situation de fait par rapport au recul constaté dans la zone des trois frontières avec le Burkina et le Mali qui a touché trois villages. Mais comparé à 2021 et 2022, on peut dire que 2023 est l'une des meilleures années du point de vue sécuritaire", a déclaré l’analyste politique nigérien Alkassoum Abdourahmane à la DW. "Cet argument fallacieux comme il a été évoqué dans d'autres pays du Sahel où il y a eu des coups d'Etat, pour moi n'est pas assez suffisant. C'est ce qui justifie d'ailleurs le récule qui a été constaté dans lesquels ce genre d'arguments ont été avancés. Il y a en d'autres arguments économiques etc. Mais moi je pense qu'il y a d'autres raisons qui ne sont pas connues du grand public", a-t-il ajouté. 

Le Ministre nigérien des Affaires étrangères Hassoumi Massoudou lors d'une visite AllemagneImage : Bernd von Jutrczenka/dpa/picture alliance

Une présence accrue de contingents militaires

Le Niger, c'est aussi le pays où sont présentes des forces internationales qui luttent contre le terrorisme en Afrique. Et dans ce cadre, le pays a bénéficié d'énormes soutiens logistiques. Niamey abrite la quasi totalité des bases des forces internationales contre le terrorisme au Sahel. Depuis 2012, les États-Unis ont dépensé environ 500 millions de dollars pour aider le Niger à améliorer sa sécurité. 

La Bundeswehr, l'armée allemande, est également présente au Niger dans le cadre de l'Union européenne pour endiguer l’instabilité et la violence terroriste, tout comme l'armée française qui s'est retiré du Mali. 

A voix basse, beaucoup soupçonnent une influence russe dans le coup d'Etat prepétré vraissemblablement par le général Omar Tchiani à la tête de la garde présidentielle depuis douze ans. Des suppositions invérifiables. 

Bob Barry Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@papegent