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RDC: réactions à la candidature de Emmanuel Ramazani Shadary

Rodrigue Guézodjè | La rédaction francophone
8 août 2018

La candidature du candidat dauphin de Joseph Kabila provoque de nombreuses réactions sur place.

Kongo Emmanuel Ramazani Shadary
Image : REUTERS

Au terme d'une longue attente le président congolais a décidé de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. L'ancien ministre de l'Intérieur Shadary sera le candidat de la majorité présidentielle selon une annonce faite ce mercredi. La fin de semaines de suspens dans le pays, qui provoque de très nombreuses réactions. 

"Une première bataille de gagnée"

Image : picture alliance/AP Photo/J. Bompengo

Les ONG des droits de l'homme qui ont été en première ligne contre un éventuel troisième mandat du président Kabila se félicitent de la désignation du dauphin, tout en s'inquiétant des sanctions qui pèsent sur Shadary. "Nous avons pris acte de sa désignation, mais nous relevons aussi le fait que Emmanuel Shadary est sous le coup de sanctions internationales, notamment de l'Union européenne, du fait de son implication dans des répressions de manifestations publiques, ce qui nous préoccupe beaucoup", explique par exemple George Kapiamba, président de l'Association congolaise pour l'accès à la justice (ACAJ).

Une satisfaction mais de la prudence aussi du côté du Comité laïc de coordination (CLC), qui se préparait déjà pour des journées d'actions contre une éventuelle candidature du président Kabila. "C'est une première partie qui est gagnée parce qu'il s'agit d'un processus. Nous sommes satisfaits que le président Kabila ait respecté la constitution et l'accord de la Saint-Sylvestre pour son troisième mandat", déclare Jonas Tshiombéla, le porte-parole du CLC. "Mais ce n'est pas tout le combat mais une bataille qui est gagnée. Il y a une partie qu'il reste à gagner et nous appelons toute la population à plus de mobilisation." 

"Scénario à la Poutine"

La Lucha est très impliquée en RDC. Image : DW/P. Kasonde

Le mouvement citoyen "La Lucha" qui, comme le CLC, appelait déjà ses militants à des manifestations, apprécie ce retrait de Kabila. Jean-Paul Mulagizi, un de ses représentants, se refuse cependant à toute satisfaction béate et suggère que les Congolais demeurent mobilisés pour éviter toute surprise désagréable de Joseph Kabila. "On se disait qu'il faudrait peut-être, en plus de contester la candidature éventuelle de Joseph Kabile, mettre en garde la Céni au cas où la fraude se préparerait avec la machine à voter", explique-t-il. "Donc, bien sûr on continue la lutte. Nous savons bien qu'il peut jouer un scénario à la Poutine, nous savons bien que c'est un système qui est déjà infecté par le virus de la corruption et tout ce que vous connaissez de malfaiteurs." 

L'opposant Martin Fayulu, qui a lui aussi déposé sa candidature à la présidentielle plus tôt ce mercredi, se veut prudent. "Nous on a rien à dire, c'est la famille politique de M.Kabila qui monte sa stratégie. Le peuple décidera", déclare-t-il. 

"La répression se poursuit"

Du coté des organisations de défense des droits de l'homme, la candidature de Ramazani Shadary a aussi été commentée. Human Rights Watch souligne le fait que Joseph Kabila ne tentera pas de briguer "un troisième mandat inconstitutionnel en décembre". "Cependant, nous sommes encore très loin d’un processus électoral crédible, et beaucoup de choses peuvent se passer d’ici à décembre, y compris des délais supplémentaires", met en garde Ida Sawyer, directrice adjointe de la division Afrique de Human Rights Watch.

Elle souligne la "répression violente du gouvernement qui se poursuit sans relâche", le fait que Moïse Katumbi ait été empêché d’entrer dans le pays pour déposer sa candidature, les débats autour de la machine à voter ou encore le fait que "la commission elle-même et les tribunaux du pays semblent être sous le contrôle total de Kabila.

Image : Scoppa/AFP/Getty Images

Ida Sawyer appelle enfin les partenaires régionaux et internationaux de la REDC "à exercer une pression forte pour que le pays connaisse une transition véritablement démocratique et pour prévenir davantage de répression et d’effusion de sang dans les mois à venir."

Le maintien au pouvoir de Joseph Kabila après l'expiration de son deuxième et dernier mandat constitutionnel fin 2016, avait aggravé la crise politique qui secouait la République démocratique du Congo depuis plusieurs années déjà. Son retrait de la course à la prochaine présidentielle devrait calmer les tensions et ouvrir une nouvelle ère pour le pays.

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