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L’absence de l’Etat dans le sud du Burkina impacte le Togo

25 juillet 2024

Le nord du Togo, partageant une frontière avec le Burkina Faso, est vulnérable à des incursions djihadistes malgré les filets sociaux de protection sociale et les dispositifs militaires déployés par Lomé.

Des éléments de l'armée togolaise.
Les attaques dans le nord du Togo et du Bénin menées ces dernières années sont attribuées par les autorités à des combattants jihadistes du groupe Etat islamique (EI) et d'Al-Qaïda venus des pays voisins où ils prospèrent. La région frontalière avec le Burkina Faso reste l'épicentre de ces attaquesImage : Pius Utomi Ekpei/AFP/Getty Images

Des djihadistes se sont emparés, le week-end des 20 et 21 juillet, pendant quelques heures, d’un poste avancé de l’armée dans le nord du Togo, près de la frontière avec le Burkina Faso. Cette attaque, selon des analystes, est une conséquence directe de l'insécurité au Burkina Faso.

Depuis le début des menaces, les autorités togolaises ont mis en place plusieurs dispositifs pour renforcer la sécurité dans le Nord du pays. Tout d’abord, des investissements ont été faits ces dernières années dans la formation et l’équipement des forces de sécurité pour mieux faire face aux menaces djihadistes. Le Togo participe aussi activement aux initiatives régionales de sécurité, telles que l’initiative d’Accra qui prévoit une force commune contre le terrorisme.

Mais comme l'expliquait récemment le journaliste et chercheur sur les groupes armés dans le Sahel, Wassim Nasr, la situation est plus complexe dans la région et les Etats ont besoin de beaucoup plus de moyens. "Quand on sait que des aviations françaises ou américaines n’arrivaient pas à mettre un terme aux activités djihadistes, ce n’est pas avec quelques drones de fabrication turque que l’activité djihadiste va être entravée."

Pour réduire la vulnérabilité des populations locales à la radicalisation, des programmes de développement économique et social ont été mis en place pour améliorer les conditions de vie dans les zones frontalières. 

Des militaires burkinabé en opération de surveillance. Depuis 2015 au Burkina, des violences attribuées à des mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique ont fait quelque 20.000 morts et plus de deux millions de déplacés internesImage : Dracorius White/ZUMAPRESS/picture alliance

La défaillance burkinabé

Malgré ces efforts, l'attaque récente montre que la menace djihadiste reste présente et capable de frapper même des zones relativement mieux sécurisées.

Car sur le terrain, l’armée burkinabè ne contrôle plus certaines routes. L’analyste togolais Anani Sossou rappelle ainsi qu’elle doit passer par le Togo pour ravitailler ses unités déployées au sud du Burkina Faso.

"Pour ravitailler les villes de Kompienga, Nadiagou et Pama, l'armée burkinabè est obligée d’emprunter le territoire togolais avant de rejoindre son propre territoire par la frontière au niveau de Ponion. C’est ainsi qu’elle arrive à rejoindre les principales villes de son pays parce qu’elle ne peut pas traverser le sud du Burkina qu’elle a délaissé", explique Anani Sossou au micro de la DW. 

Pour Anani Sosou, cela démontre que les dispositifs togolais fonctionnent encore, mais les réalités géopolitiques, avec les retraits brusques des soldats français et très prochainement des Américains et les tensions régionales, complexifient la tâche de prévention et de lutte contre le terrorisme.

Efforts sécuritaires du Togo

En effet, les dispositifs sécuritaires du Togo ont sans doute permis de limiter l'ampleur des incursions djihadistes et de maintenir une certaine stabilité dans le Nord du pays. Cependant, l’interconnexion des crises dans la région et la mobilité des groupes armés nécessitent une vigilance constante et une adaptation continue des stratégies de sécurité, confie une source gouvernementale togolaise qui souhaite garder l’anonymat.

L'attaque djihadiste dans le nord du Togo est un rappel brutal de la vulnérabilité des États face aux menaces transnationales. Elle souligne l'importance de renforcer la coopération régionale et d'adopter des approches qui combinent sécurité, développement et gouvernance, précise la même source.